Catégorie : Ma vie d’auteure

Les salons

Vous me demandez souvent si je serai présente à tel ou tel salon littéraire, que ce soit en France ou dans les pays francophones frontaliers. Et lorsque la réponse est négative, la plupart du temps en fait, vous me demandez pourquoi et ce que vous pouvez faire pour que je m’y rende. L’attention est adorable, mais je vais vous expliquer comment ça se passe en coulisses 😉

[click_to_tweet tweet= »Pour être présent à un salon, il n’y a pas 36 façons de procéder, seulement 3 en réalité. » quote= »Pour être présent à un salon, il n’y a pas 36 façons de procéder, seulement 3 en réalité. »]

Le salon invite

Dans ce cas, c’est l’organisation du salon qui prend contact avec l’éditeur pour inviter l’auteur. Les frais sont pris en charge directement par le salon : déplacement, hébergement, repas. Par exemple, ces trois dernières années de présence au salon de Saint Etienne, c’est ainsi que ça s’est déroulé pour moi.

L’éditeur invite

Si c’est un salon où les éditeurs ont la possibilité de prendre un stand, comme c’est le cas pour Livre Paris, alors c’est l’éditeur qui invite l’auteur et prend en charge les frais. Mais bien entendu, un éditeur ne peut pas toujours accueillir tous ses auteurs et rien ne garantit d’y dédicacer. Ma présence à Livre Paris, ou encore au Festival New Romance les deux premières années, découle d’une invitation directe de mon éditeur.

L’auteur s’invite

Dans le cas où l’auteur est indépendant, hybride ou même s’il le souhaite, il peut faire la démarche de contacter l’organisation d’un salon afin d’y avoir une place. Cela implique pour lui de payer sa table, son déplacement, son hébergement, ses repas et je vous en ai parlé en détail dans cet article. C’est par exemple ainsi le cas pour la RARE mais aussi pour bon nombre de salons sur l’Hexagone.

Aussi, vous comprenez pourquoi je suis tributaire des invitations, car, toujours dans cet article, je vous explique que financièrement, ce serait pour moi une perte d’argent que je ne peux me permettre. Car si j’avais les moyens au point de ne plus savoir quoi faire de mes revenus, sachez que je viendrais vous rencontrer dès que l’occasion se présenterait. Mais si j’avais voulu crouler sous les pièces d’or dans ma piscine géante comme Picsou, j’aurais opté pour le téléphone rose et pas l’écriture. Il paraît que j’ai une voix qui s’y prête bien, ce sera mon plan B.

Autre détail à ne pas négliger : la discrimination géographique. Car oui, vous pouvez m’envier mon soleil du Sud, et si c’est le cas vous avez raison, je ne le quitterais pour rien au monde, mais vivre sur la Côte d’Azur me classe presque systématiquement dans la case « Ah non, on ne l’invite même pas, ça va nous coûter trop cher en transport, sans compter qu’elle ne peut pas faire l’aller-retour dans la journée et qu’il faut en plus lui payer au moins une nuit d’hôtel. On a qui sur Paris, de dispo ? »

Je vois passer des événements, mes « collègues » s’y rendre, vos messages me demandant si j’y serai, et je me sens tel Caliméro, devant mon écran, à marmonner un « c’est trop injuste ». Car ce n’est bien entendu pas l’envie qui manque. Me rendrais-je à tous les salons de France et de Navarre si je le pouvais ? Non, bien sûr que non, j’ai une vie de famille et privée que je fais toujours passer avant le reste. Mais vous m’y croiseriez plus souvent qu’actuellement, c’est certain !

Ne nous voilons pas la face, quand on ne vit pas à la capitale où tout se déroule (et d’où il est facile d’accéder à plus ou moins tout le reste du pays), on devient rapidement une contrainte pour l’éditeur / le salon qui aurait eu l’idée saugrenue de nous convier à un événement.

Lorsque je me rends à un salon à Paris, par exemple, cela coûte, pour 1 seule nuit comprise bien sûr, près de 300 euros en comptant un repas ou deux. Alors vous allez vous dire « Mais elle parle encore d’argent, elle fait une fixation ! ». Sachez que si on dit que l’argent est le nerf de la guerre, ce n’est pas un hasard et cela se confirme y compris dans le milieu littéraire. Que ce soit un poste de dépense que je ne peux me permettre, un poste de dépense que l’éditeur / le salon ne peut/veut se permettre, finalement, ça se rapporte toujours à la dépense occasionnée. La question : « L’autrice va-t-elle vendre assez pour justifier les frais engagés par sa venue ? » ne peut être ignorée par aucun des acteurs. Cela dénote aussi de ce qu’on mise sur un auteur. Car il est évident que plus un auteur a de présence dans des salons, plus il a de visibilité, plus il a d’opportunités de vendre, et plus il sera invité. C’est un cercle vertueux, ou vicieux selon de quel côté on se situe. Tout a un coût.

Bien sûr, on peut également considérer la présence d’un auteur dans un salon comme faisant partie du budget communication / promotion de celui-ci. À nouveau, cela implique un investissement ayant été pensé en amont de la part de l’éditeur. Si tu n’es a priori pas un auteur bankable (oui, ce terme est employé dans le milieu, les auteurs sont surtout des produits, c’est triste mais une réalité), ton budget communication et représentation se limitera à rien ou presque rien.

Je sais que je peux donner l’impression d’être aigrie, mon chat sur les genoux, fomentant des plans diaboliques à la Minus et Cortex pour me venger de ce monde ingrat et cruel dans lequel j’évolue. Rassurez-vous, il n’en est rien, mais il me semble important de faire un constat afin que vous puissiez mieux comprendre les tenants et aboutissants d’une situation qui échappe totalement à mon contrôle. Et je suis loin d’être la seule, cela va de soi. Dites-vous que si vous ne croisez pas votre auteur chouchou à l’événement de l’année à ne pas manquer, c’est rarement de son fait.

Partant du principe que je n’ai pas l’intention de m’installer à Paris, mes opportunités de vous rencontrer dans des événements sont ténues, pour ne pas dire qu’elles se limitent à 2 salons dans l’année, et c’est uniquement parce que j’y suis conviée. Autant dire que rien n’est gravé dans le marbre et qu’il est impossible de savoir à l’avance si je serai à nouveau dans les bonnes grâces des décisionnaires pour que l’invitation soit réitérée. Pour 2019, je ne serai en principe présente qu’à Livre Paris, et croyez-moi : j’en suis déjà reconnaissante, car je sais que j’aurais pu n’avoir aucune occasion de vous voir.

Me dirigeant vers le statut d’autrice hybride (= publiée à la fois chez des éditeurs et en indépendante), j’espère avoir les fonds, à terme, pour me déplacer à votre rencontre. Mais nous n’en sommes pas encore là. En attendant, heureusement qu’il y a Paris et j’ai envie de dire : pourvu que ça dure ! Profitons-en tant qu’on peut 😉

PS : il va sans dire que je n’aborde volontairement pas ici le sujet de la rémunération des auteurs en salon, car c’est un tout autre débat qui mériterait un article considérable pour lui tout seul.

Le bilan désorganisé de ce qui ne s’est pas encore produit

Mon bilan de début d’année, je ne le fais pas sur le passé mais j’anticipe l’avenir. C’est beau ce que je dis, je suis autrice. Prends des notes.

Je disais donc, avant d’être interrompue par moi-même, que ces prochains mois, ces 12 prochains mois, même, au moins 4 publications ne demanderont qu’à rejoindre ta bibliothèque. 2 inédits, 2 ou 3 rééditions. Mais rassure-toi, bientôt nous serons au bout des rééditions et il n’y aura plus que de l’inédit. Parce que je t’entends râler d’ici que les rééditions, ça va bien 2 minutes, hein. Vive la France, 20/20 et tout ça.

Sache tout de même que pour un auteur, voir ses romans réédités, c’est un peu inespéré. En général, les éditeurs ne sont pas très fan de ces anciens titres qui, pour des raisons diverses et variées, ne sont plus dans les bacs des librairies. Dès qu’un roman a été publié, ne serait-ce qu’un mois parfois, il devient obsolète. Alors quand on a l’opportunité d’en ressusciter un, c’est un peu le coup de bol miraculeux qui permet également de dépoussiérer le titre en question. Je savais bien que brûler toutes ces vierges dans des églises servirait à quelque chose.*

Si tu suis un peu, tu auras remarqué que Et tu embrasseras mes larmes est la réédition des Bottes Rouges, et Avec toi, m’envoler est la réédition du tome 2 des Golden Boys. Dans l’article précédent, ICI, j’ai d’ailleurs tenté de faire le point sur les rééditions parce que je sais que certains d’entre vous étaient perdus. J’avoue, parfois moi aussi.

Lorsque je regarde les sorties à venir, les projets en cours d’écriture, ceux qui n’en sont qu’au stade d’idée en tremblant de savoir s’ils vont être concrétisés ou jetés dans la poubelle virtuelle des FBI**, j’ai oublié le début de ma phrase, attends. Je relis. Ok, donc, sache que lorsque je regarde tout ça, je me dis que j’ai réussi ce que je voulais : écrire et continuer à y prendre du plaisir.

Ça m’arrive de me perdre en chemin. Ce ne serait pas drôle, sinon. Des fois j’oublie l’objectif principal et je dois me mettre un shoot au cul pour me rappeler ce qui importe réellement. Mais au final, je reviens toujours sur les fondamentaux. À savoir : le pognon.

Tu ne l’avais pas vue venir, celle-là ? Je plaisante, si j’avais choisi l’écriture pour l’argent, ce serait hilarant parce que vraiment, je gagnerais bien plus en animant des tchats roses. Je ne sais pas si ça existe, j’imagine que oui, mais c’est moins contraignant que le téléphone rose, car tu peux mater un épisode de Criminel minds en même temps que tu gagnes des sous en… Je m’égare. Mais on a compris le principe : je continue de m’éclater et j’ai envie de dire, c’est l’essentiel.

En fait, je me perds même régulièrement en chemin. La faute aux réseaux sociaux, à ma tendance à être influencée très facilement, aux paillettes qui t’empêchent de voir l’essentiel et à tout ce qui te détourne de ton objectif. Les tentations sont nombreuses mais je travaille à garder le cap. Ce n’est pas toujours facile, mais j’ai trouvé des éditrices qui comptent sur moi et sur qui je peux me reposer. Cette année, dont je te parlais ICI pour le programme détaillé, je la veux focalisée sur ce qui importe réellement. Pas la poudre aux yeux, pas le nombre de followers, pas le nombre de zéros dans mes à valoir et pas la compétition malsaine et toxique imposée par le monde merveilleux de l’édition.

Alors tu vois, souvent on me demande ce que je conseillerais à des auteurs débutants. Je ne me sens pas légitime pour donner des conseils, mais puisqu’il le faut, j’ai envie de dire : écris et fais-toi plaisir, le reste suivra forcément. D’accord, c’est maigre comme conseil, mais comme on m’a demandé un article consacré à ce sujet, wait and see. (Oui, je suis bilingue.) (En tout cas je fais bien semblant.)

Au final, je ne suis pas sûre que cet article soit un bilan. Ou alors, un bilan d’anticipation. Car j’ai vraiment envie de me retourner sur ces années de créations et me dire « Hé baby, tu as rocké du slip parce que tu as pris ton pied en écrivant, le reste tu peux oublier, mais ce plaisir d’écrire, c’est mission accomplie et tu ne le dois qu’à toi. »

Du coup, on se donne rendez-vous dans 12 mois pour voir si j’ai bien relevé le challenge de supprimer tout le bruit parasite du milieu pour me concentrer sur ce qui m’éclate. Attends, je vais te parler entre-temps, hein, quand je dis « dans 12 mois » c’est juste pour un nouveau bilan. Tu n’as quand même pas cru que j’allais disparaître des radars pendant un an ?

*D’après la technique 2 en 1 de sacrifier une vierge / brûler un cierge, plus rapide et bien plus efficace.

**Fausses Bonnes Idées

Les coulisses de l’édition ~ Soumettre son manuscrit

Pour cette série d’articles consacrée aux coulisses de l’édition, je vais me baser sur mon expérience et forcément, rien de ce que je vais vous dire n’est exhaustif. C’est simplement le fruit de ce que j’ai pu observer ces 6 dernières années. Nous allons partir dans l’idée que votre texte est déjà prêt à être proposé pour la publication.

[click_to_tweet tweet= »Dans ce premier épisode, nous abordons la première étape : la soumission du manuscrit aux maisons d’édition. » quote= »Dans ce premier épisode, nous abordons la première étape : la soumission du manuscrit aux maisons d’édition. »]

Avant d’envoyer votre manuscrit, il vous faut déterminer dans quel genre se classe votre ouvrage. Moi qui suis contre les cases, je dois reconnaître que c’est un passage obligatoire auquel il est impossible de déroger. Que ce soient les libraires, les commerciaux, les lecteurs et donc, les éditeurs, ils veulent tous savoir quelle étiquette coller sur votre texte. Identifiez donc quel est le genre dominant de votre roman et partez de là pour vos premières recherches.

Pour commencer, je vous conseille d’établir une liste de tous les éditeurs avec qui vous aimeriez travailler et dont la ligne éditoriale correspond à votre roman. C’est très important de cibler correctement afin d’éviter la lettre de refus automatique « votre roman ne correspond pas à notre ligne éditoriale ». Après, personne n’est à l’abri de cette fameuse lettre. J’ai moi-même soumis une romance new adult pour la collection d’une maison qui ne publie que ce genre et j’ai très rapidement reçu un courrier m’indiquant que je n’entrais pas dans leur ligne éditoriale. Or je sais que j’y entrais, cette lettre peut donc signifier deux choses. Soit ils n’ont pas lu mon texte, et comme les éditeurs en reçoivent énormément chaque semaine, ce serait plausible. Soit ils l’ont lu, ne l’ont pas apprécié, et n’avaient pas envie d’entrer dans les détails du refus.

Car si vous vous attendez à ce que chaque refus occasionne une explication, vous serez déçu. En effet, les éditeurs n’ont pas le temps d’entrer dans le détail et lors des sélections de manuscrits, ils vont rarement au bout de leur lecture si dès le début ils sentent que ça ne va pas leur convenir. C’est logique pour eux, frustrant pour les auteurs, mais il vaut mieux s’y préparer. Certains prennent d’ailleurs le temps d’argumenter leur refus, mais ils sont rares et ne constituent pas la norme.

À partir de cette liste, faites des recherches un peu plus poussées sur chaque maison. Parcourez son catalogue de titres, feuilletez des ouvrages en librairie, suivez-le sur les réseaux sociaux pour voir quel type de promotion et ton de communication sont utilisés pour les livres qu’il publie… Il ne vous viendrait pas à l’esprit de postuler à une offre d’emploi sans connaître l’activité de l’entreprise, c’est le même raisonnement pour une soumission de manuscrit.

Ma façon de procéder est la suivante, ce n’est sûrement pas la meilleure mais elle fonctionne pour moi donc je vous en fais part.

[click_to_tweet tweet= »Classez par ordre de préférence les éditeurs qui vous ont le plus séduit et où votre texte aurait sa place. » quote= »Classez par ordre de préférence les éditeurs qui vous ont le plus séduits et où votre texte aurait sa place. »]

Sélectionnez par exemple les 10 en haut de la liste : c’est à eux que vous allez envoyer votre texte en premier. Réservez les maisons qui vous emballent moins pour le cas où vous n’obtiendriez que des refus de ces éditeurs. Car le cas de figure qui arrive souvent est qu’une maison « moyenne » qui était votre second choix accepte votre manuscrit. Ce serait déjà très bien, mais la maison de vos rêves n’a pas encore répondu. Vous devrez donc choisir entre signer avec l’éditeur « second choix » sans savoir si la première aurait pu dire oui, ou refuser cette proposition dans l’espoir d’être signé par la maison de vos rêves avec laquelle vous n’avez aucune certitude de travailler. Donc en bref, procédez par étapes et ne soumettez d’abord votre texte qu’aux maisons où vous aimeriez vraiment être publié.

Une fois que vous avez ciblé les éditeurs qui pourraient être intéressés par votre texte pour leur catalogue, vous devez vérifier les conditions de soumission. En général, elles sont notées sur leur site Internet, et constituent une première étape. Si vous ne prenez pas la peine de vous en informer, ils le verront immédiatement et élimineront probablement votre manuscrit sans le lire. C’est aussi une façon pour eux d’épurer la quantité de manuscrits qu’ils reçoivent. Leurs exigences sont souvent sur la mise en page, la typographie, parfois ils demandent un résumé détaillé de tout le roman, y compris des retournements de situation et du dénouement. Renseignez-vous bien et ôtez-vous de la tête l’idée de faire une salve d’envois groupés à tous les éditeurs.

[click_to_tweet tweet= »La soumission de votre manuscrit demande du temps et de la minutie afin de mettre toutes les chances de votre côté. » quote= »La soumission de votre manuscrit demande du temps et de la minutie afin de mettre toutes les chances de votre côté. »]

La plupart des éditeurs, de nos jours, vous donnent la possibilité, voire l’obligation, d’envoyer votre roman par email. Il reste quelques irréductibles qui exigent une version papier qui ne vous sera retournée, d’ailleurs, que si vous fournissez dans votre envoi une enveloppe affranchie pour le retour. Personnellement, je trouve ce procédé archaïque, pas du tout écolo, et lorsque je soumets un manuscrit, j’ai tendance à éliminer d’office les éditeurs qui n’acceptent pas une version digitale. C’est sûrement une erreur de ma part mais je me dis que si les éditeurs ont leurs propres critères de sélection, après tout, je peux avoir les miens.

Ensuite, prenez votre mal en patience. Les délais de réponse sont longs, parfois très longs. Il faut compter minimum 3 mois pour une réponse rapide, en moyenne 6 mois et bien souvent 1 an. Si vous recevez une réponse extrêmement rapide, méfiez-vous. Certains petits éditeurs numériques, par exemple, n’ayant pas foule au portillon car n’ayant pas une excellente réputation, sont à l’affut d’auteurs à signer pour remplir leur catalogue. Soyez prudents, lorsque ça se passe trop vite, il faut mener son enquête. L’idéal étant bien entendu d’avoir mené cette enquête avant vos soumissions comme je vous en parlais plus haut.

N’envoyez pas votre texte à une seule maison. Envoyez en simultanée à plusieurs. C’est important car avec les délais, si vous devez attendre les réponses une par une pour envoyer à d’autres maisons, vous y seriez encore dans 10 ans. Par contre, si vous signez un contrat sans avoir reçu toutes les réponses, prévenez les autres maisons que le texte n’est plus disponible. Vous éviterez à tout le monde de perdre du temps. Un éditeur que vous n’auriez pas prévenu est peut-être en train de rédiger une proposition de contrat et sera contrarié en réalisant que votre roman est déjà signé ailleurs. Ce serait dommage de se faire blacklister car vous ne savez pas si un jour, vous serez amené à travailler avec cet éditeur. Et de toute façon, c’est la base de la correction.

Le jour où vous aurez une réponse positive, vous aurez peut-être même plusieurs réponses positives, il vous faudra prendre une décision. Je me suis retrouvée dans cette situation à plusieurs reprises, à devoir choisir entre deux éditeurs. Avant de signer quoi que ce soit, pensez à bien vous informer sur les termes du contrat. Ce sera précisément le thème du prochain article sur cette série consacrée aux coulisses de l’édition. Si vous avez des questions sur la soumission de manuscrit ou de manière plus générale sur l’édition, n’hésitez pas à me contacter : par mail (adresse sur la droite), en commentaire de cet article, en mp sur ma page Facebook ou mon compte Instagram (oui, je suis partout, ou presque). Si je suis en mesure d’y répondre, je le ferai volontiers.

J’espère que ces conseils vous seront utiles. À très bientôt pour le deuxième volet des coulisses de l’édition et si vous ne voulez manquer aucun article, pensez à vous abonner au blog (dans la barre à droite) ou même à la Newsletter (tout en haut de cette page).

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Ça, c’est une femme qui a des couilles.

Nous avons encore entendu un truc bien relou, en provenance directe du monde merveilleux du sexisme intégré qu’on se coltine au quotidien, et qui nous fout bien la mort, car il émane des filles. À l’occasion d’une interview de l’humoriste Constance suite aux messages de haine reçus après qu’elle se soit retrouvée seins nus dans sa chronique sur France Inter, on nous rediffuse des extraits de ladite chronique… Or, celle-ci s’achève sur la réaction spontanée d’une autre chroniqueuse de l’émission, laquelle s’écrie « Constance montre ses seins mais c’est une fille qui a des couilles ! »
Alors vu que beaucoup se sont déjà exprimés sur le sujet de ses boobs et de sa chronique, on va peut-être revenir sur un truc qui paraît anodin parce que c’est de la sémantique, mais justement, le diable fornique à donf dans la sémantique.

« C’est une fille qui a des couilles. »

Et là, nous disons non, juste non. Mais nous allons étayer notre propos, sinon ce serait trop facile.

Avoir des couilles est une particularité anatomique masculine qui n’implique rien d’autre qu’avoir des couilles. C’est comme avoir des reins, des jambes, des oreilles, des poumons, des ovaires ou des seins. Sauf exception, tous les représentants mâles humains ont des testicules.

La subtilité, notre fond de commerce

Est-ce qu’on pourrait arrêter un instant d’attribuer le fait d’être pourvu d’une paire de burnes à des notions comme le courage ou la bravoure ou le culot ou nous ne savons quoi d’autre ? Est-ce que les femmes, en priorité, pourraient cesser d’utiliser des expressions comme « ça c’est une meuf qui en a une grosse » ou « voilà une fille couillue » ? Vous rendez-vous compte, mesdames et mesdemoiselles, qu’en colportant ce type de réflexions, vous entérinez cette notion de sexisme déjà bien intégré selon laquelle l’homme, le mâle dominant, le pater familias, possède le symbole de la suprématie entre ses cuisses grâce à une paire de chromosomes ? Comme quoi, cette histoire de paire remonte loin…

Nous en revenons encore à cette idée que pour qu’une femme soit forte, indépendante, ambitieuse, qu’elle réussisse dans sa vie, la société lui donne presque systématiquement des attributs masculins. D’ailleurs, la force, l’indépendance, l’ambition et le succès ne sont-ils pas des traits connotés masculins par une Histoire pas moins phallocrate ? Malheureusement oui, mais comment faire changer les choses quand on continue à jouer au jeu de « celui ou celle qui a la plus grosse paire » ?

Personnellement, nous ne le prenons pas comme un compliment si on nous dit que nous sommes couillues. Ce n’est pas ce que nous attendons de notre engagement. Nous ne souhaitons pas qu’on nous accorde l’honneur de nous placer au même rang que les hommes d’après des critères de jugement masculins.

[click_to_tweet tweet= »Non, nous sommes des femmes, nous n’avons pas besoin de couilles pour être au moins aussi fortes, indépendantes et ambitieuses qu’un homme. Nous avons déjà des ovaires, si vraiment il faut en avoir une paire. » quote= »Non, nous sommes des femmes, nous n’avons pas besoin de couilles pour être au moins aussi fortes, indépendantes et ambitieuses qu’un homme. Nous avons déjà des ovaires, si vraiment il faut en avoir une paire. »]

Et puis rappelons pour mémoire qu’un coup de genou dans les testicules met un homme à terre en une seconde. Comment un élément du corps aussi fragile (peut-être le plus fragile) peut-il être associé à la résistance ? Le jour où on aura l’égalité complète sera le jour où on dira d’un homme endurant : « Putain, celui-là il a un putain d’énorme utérus ! » Parce que là, on parle d’un organe qui a sûrement des origines viking et néo-zélandaises à la fois.

Oui oui, on vous entend vous tous, là, qui hurlez « aaaaaah mais ça va, y’a plus grave comme combat, c’est juste une expression « avoir des couilles », faut pas voir le mal partout !!! »
Bon alors une bonne fois pour toutes :

  1. Un combat n’est pas exclusif des autres. On ne dispose pas d’un forfait limité de combats et au-delà de deux on explose. On peut militer pour la suppression de l’excision dans le monde et la féminisation des rues de nos villes. On peut militer pour la préservation de la banquise et pour qu’on serve des repas vegan à ceux qui le souhaitent dans les cantines. Vous voyez le truc ? On se bat pour le nombre de causes qui nous inspirent, point. Alors, ce n’est pas parce qu’on la ramène sur des expressions courantes du langage qu’on oublie les autres combats.
  2. « Ce n’est qu’une expression ». On n’avait pas remarqué. Rappelons que les expressions de langage sont le reflet d’une époque et qu’elles se changent ! Si si, faut arrêter de s’accrocher à un mot ou une orthographe parce que : « on a toujours dit ça ». D’abord non, la langue évolue continuellement, et ensuite, une langue qui n’évolue pas, guess what (oui de l’anglais, on est ouf !), elle meurt. Or, les petits combats sont aussi importants que les grands, et on a assez de force pour tous les mener. Lutter contre le sexisme quotidien qui se niche dans des détails, c’est facile, à la portée de tous, alors ce serait con de s’en priver. Donc, quand une expression est merdique et qu’elle véhicule un vieux relent de machisme, eh ben nous, on milite pour en ajouter une autre. On fait évoluer la langue et les cultures. Et l’univers ne s’ouvrira pas en deux, vous verrez tout se passera bien.

Donc si seulement les femmes, en premier lieu (éradiquons ce putain de sexisme intégré), voulaient bien arrêter de masculiniser les femmes, et nous parlons aussi pour les héroïnes en littérature (histoire de recentrer le débat et de faire semblant que ça a un rapport avec ce site) (alors qu’en réalité, ça a vraiment un rapport avec tout), et comprenaient que la valeur de leur sexe ne se situe pas au niveau de leurs parties génitales, métaphoriques ou non, mais de leur cerveau, le féminisme ferait un grand pas en avant.

Oup’s pardon, nous avons dit un gros mot. Nous parlons du mot « féminisme », bien sûr, pas de « couilles ».

Oren & Fleur

Les dessous de la page blanche

The War of Art est un petit livre très bien fait, où tout n’est pas bon à prendre, mais presque. C’est le cas de tous les ouvrages qui touchent de près ou de loin au développement personnel : on doit faire le tri et ne retenir que ce qui nous correspond.

Cette petite introduction en 3 parties faite (non, ne compte pas, il n’y a pas 3 parties), je voudrais donc te parler de la fameuse résistance qui est le personnage principal de ce livre qui n’est pour le moment, il me semble, pas traduit en français. Mais peut-être je me trompe. J’en ai d’abord entendu parler sur la chaîne YouTube de Solange te parle, que je te recommande également. Parce que je l’ai déjà dit, je ne suis qu’amour de mon prochain et le partage, c’est la vie.

[click_to_tweet tweet= »Tu connais la page blanche ? Ce n’est pas un manque d’inspiration, c’est un manque de motivation. » quote= »Tu connais la page blanche ? Ce n’est pas un manque d’inspiration, c’est un manque de motivation. »]

La résistance, finalement, en simplifiant beaucoup le concept, c’est ça. Ce moment où tu sais que tu veux écrire, parfois même tu dois écrire. Tu as peut-être succombé à la mode éditoriale du XXI° siècle, tu as signé un contrat sur synopsis (je ne te jette pas la pierre, je me suis fait avoir aussi) (mais jamais plus jamais), entre-temps tu as eu une autre idée et envie de travailler sur un autre projet… mais voilà, tu t’es engagé-e donc maintenant, pas le choix, tu dois l’écrire, ce dino porn post-apocalyptique (en même temps, avec ce genre d’idées, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même).

Dans le guide anti-résistance de Steven Pressfield, tu comprends mieux le pourquoi du comment tu te retrouves bloqué-e. Il se peut même que tu sois un procastinateur et que ton singe décide d’aller visionner tous les clips de Prince par ordre chronologique au lieu de travailler. Mais si, ton singe… Il faut tout te dire : va mater cet excellent Ted de Tim Urban sur la procrastination, active les sous-titres si besoin, et surtout, surtout, regarde jusqu’au bout. Puis remercie-moi. Et abonne-toi aux chaînes YouTube de TED et TEDx, il serait temps.

Bref, entre une chose et l’autre, ton histoire sur Kelly et T-Rex n’avance pas. Ce bloquage est causé par cette résistance à cause d’une foultitude de raisons possibles.

[click_to_tweet tweet= »La résistance est le pire ennemi de l’auteur-e… » quote= »La résistance est le pire ennemi de l’auteur-e… »]

Je ne vais pas faire un résumé de l’ouvrage, Solange le fait très bien dans sa vidéo. Mais je t’encourage soit à te le procurer si tu lis l’anglais, soit à bien regarder cette vidéo, donc. Car si je n’ai pas eu d’épiphanie spectaculaire en prenant connaissance de ce concept, j’ai été rassurée. Rassurée de voir que ce que je vis, en tant qu’auteure, d’autres le vivent également. Peut-être même tous les écrivains y sont confrontés tôt ou tard et, quelque part, ça me donne une sensation d’appartenance à une confrérie secrète. Dont je suis le gourou incontestée, bien entendu.

La résistance dans l’écriture, c’est, en gros, cette petite voix au fond de ta conscience qui te répète que tu ne peux pas y arriver, que tu n’es bon à rien, que tout le monde a déjà écrit sur tout… Ce qui est vrai, bien sûr, tout a déjà été dit. Mais souviens-toi que l’important est que tu le dises, toi, avec ta voix, tes mots, tes émotions et tes valeurs. Bref, la résistance, lorsque tu es auteur-e, c’est ton pire ennemi.

Ce que je fais pour tenter de feinter la résistance :

  • J’utilise la méthode Pomodoro
  • Je me fixe des objectifs quotidiens dans Scrivener
  • Je passe des contrats d’écriture avec moi-même ou des amies
  • J’utilise la méthode « don’t break the chain »
  • Je m’octroie des récompenses lorsque je remplis des « missions »

Pour faire simple : je structure mes journées. J’ai la chance d’être au foyer et d’organiser mon temps comme je le souhaite. L’organisation est une arme très efficace contre la résistance, quel que soit le domaine. Je suis loin d’être parfaite (en fait si, mais je préfère que ça reste entre nous), je suis toujours plus efficace dans l’urgence et sous pression (la fameuse « panic zone » qui te motive à la dernière minute), mais quand je fais le point sur mon efficacité, je suis assez fière de moi. C’est important de ne pas toujours se dévaloriser et reconnaître quand on assure, la résistance déteste que tu aies confiance en toi !

Cet ouvrage, The War of Art, je l’ai annoté, il est sur ma table de chevet et y puise de la motivation. J’en ai quelques-uns comme ça qui m’aident à garder le cap. Je te parle bientôt d’un autre tout petit livre, traduit en français cette fois, qui m’a fait beaucoup de bien au moral !

La première fois

La première fois qu’un éditeur a accepté mon manuscrit, j’ai téléphoné à ma mère, ma sœur, mon mari, et j’ai fait une danse de la joie.

La première fois que j’ai été publiée, j’ai actualisé 48 fois par minute la page Amazon pour voir si j’avais un commentaire.

La première fois que j’ai eu un commentaire, c’était un 5/5 et je ne connaissais même pas la personne qui l’avait posté. J’ai fait une danse de la joie.

La première fois que j’ai dédicacé, je n’avais pas de livre, juste des cartes postales, et j’ai cru que la file de lecteurs était pour un auteur populaire qui devait être à côté, alors j’ai commencé à râler que c’était trop injuste. Et ma Gala m’a dit « Non ma Fleur, je crois qu’ils viennent nous voir nous. » Elle avait raison, j’ai fait une danse de la joie dans ma tête en vous rencontrant.

La première fois qu’un magazine a parlé de moi, j’ai prévenu toute la famille jusqu’aux 7° degré pour qu’ils achètent chacun 3 exemplaires, au cas où.

La première fois qu’un mari de lectrice m’a envoyé un message privé pour me remercier d’avoir boosté la libido de sa femme avec Feeling Good, je ne savais plus où me mettre, j’ai répondu « de rien » et j’ai eu un fou rire nerveux.

La première fois que j’ai eu le syndrome de la page blanche, j’ai cru que jamais, tu entends, jamais plus je n’écrirai une ligne !

La première fois que j’ai touché des droits d’auteure, c’était moins de 100 euros et je n’ai jamais plus été aussi euphorique qu’à cet instant. J’ai fait une danse de la joie et j’ai commandé chez le traiteur Indien pour fêter ça avec mon mari et ma fille. J’ai fait une indigestion de naans, mais ça en valait le coup.

La première fois qu’une lectrice est venue me voir en dédicace, les larmes aux yeux, pour me remercier d’avoir écrit les Bottes Rouges, j’ai pleuré.

La première fois que j’ai écrit un manuscrit médiocre, je me suis dit que jamais, tu entends, jamais plus je n’écrirai une ligne !

La première fois que j’ai signé un contrat chez un éditeur traditionnel qui proposait des à valoir, j’ai fait une danse de la joie.

La première fois que je suis passée à la radio, je n’ai pas bafouillé, mais je ne me souviens plus de ce que j’ai dit et j’ai refusé de m’écouter en différé.

La première fois que j’ai eu une chronique assassine, c’était dans un webzine et la lectrice était aussi auteure, je me suis demandé si elle aurait bien encaissé qu’on accuse son livre de ne pas valoir l’encre et le papier sur lequel il était imprimé.

La première fois que j’ai été interviewée pour un magazine, j’ai rencontré une femme formidable et nous avons parlé pendant 2h au téléphone.

La première fois que j’ai signé un contrat sur synopsis, je me suis dit que jamais, tu entends, jamais plus je ne le ferai.

La première fois que j’ai changé d’éditeur, j’avais la trouille et l’impression de me jeter dans le vide sans filet de sécurité.

La première fois que j’ai reçu un cadeau de lectrice, j’ai cru qu’il y avait erreur, que c’était pour quelqu’un d’autre, ça ne pouvait pas être pour moi, juste parce qu’elle avait adoré mon livre. J’étais embarrassée mais ça ne m’a pas empêchée de faire une danse de la joie.

La première fois que j’ai dédicacé à l’étranger, on m’a demandé où étaient les toilettes et j’ai ri, mais ri…

La première fois qu’on m’a arrêtée dans la rue pour me dire « vous ne seriez pas Fleur Hana, par hasard ? » n’est jamais arrivée, mais ce serait drôle si ça arrivait un jour et que je réponde : « Non, c’est à côté. »

La première fois que je suis devenue auteure, c’est quand quelqu’un a pris le temps de me lire. Et c’est une première fois qui se produit dès que quelqu’un ouvre un de mes romans. Et ça, je ne m’y habituerai jamais. Mais j’espère que ça ne s’arrêtera jamais non plus.

Et vous, votre première fois, elle était comment ?

Les clichés dans la romance

Les clichés ou lieux communs sont des éléments récurrents qui, à force d’être lus (dans le cas des romances) (puisqu’on ne parle pas ici de la reproduction saisonnière des galinettes cendrées), intègrent des codes qui, eux-mêmes, finissent par définir le genre. (Parfois, je me transforme en pseudo-wikipedia)

Personnellement, je n’ai absolument rien contre les clichés. S’ils le sont, c’est parce qu’ils contiennent forcément une part de vérité. Comme le dit le fameux dicton, qui peut être lui-même considéré comme un cliché (magnifique mise en abîme de ma part de la notion de cliché) (si si, tu peux applaudir, ne sois pas timide) : il n’y a pas de fumée sans feu. Un cliché ne l’est que parce qu’on lui permet de l’être. C’est l’appréciation d’une situation qui pousse d’autres personnes à la reprendre à leur compte et ainsi de suite.

Par exemple, prenons Kelly et le dino porn. Le héros est bien souvent un T-Rex. Non, alors je n’en sais rien en réalité car je n’ai jamais lu de dino porn, mais ça va servir mon propos puisqu’on va se dire que le T-Rex est à la préhistoire ce que le bad boy est à la romance. Je vais arrêter là cette comparaison parce que je sens que je vais m’enliser, mais je ne pouvais pas ne pas mentionner le dino porn, c’est devenu une tradition. Ou, pour creuser un peu plus la mise en abîme : c’est devenu un cliché dans mes articles. Tu as vu comme je retombe bien sur mes pieds ?

Le souci avec les clichés n’est pas tant qu’ils le soient, mais leur sur-abondance dans une littérature qui, à force de répéter les mêmes schémas, tourne en rond et s’auto-alimente en circuit fermé. Si tu es lecteur-lectrice de romances du genre au point d’en dégommer plusieurs par semaine, les clichés, tu en manges autant que The Rock dévore des protéines à toute heure de la journée et de la nuit. Et le risque devient bien entendu de se lasser.

Comme pour tout, le cliché est, à mon avis, à consommer avec modération. Que l’auteur-e s’approprie un cliché vu, revu et rerevu, pourquoi pas ? Nous le faisons tous, consciemment ou non, à un moment. Puisque je rappelle que personne n’invente jamais rien : nous nous inspirons tous de notre contexte sociétal et, fatalement, ça a des conséquences sur la production littéraire de manière générale. Mais qu’une romance ne soit qu’une suite de clichés conduit à une overdose générale qui pourrait, à terme, tuer le genre. Ou le figer au point de devoir ensuite en passer par une révolution. Ce qui ne me dérangerait pas puisque je reconnais volontiers que, parfois, seule une révolte et un changement radical peuvent faire avancer les choses.

Le cliché que j’estime efficace est celui qui est utilisé intelligemment et ne sert pas uniquement de prétexte à remplir une histoire d’éléments qui ont fait leurs preuves mais ont l’air de tomber, pardon my french, comme un poil de couille dans le potage.

  • Dans les romances historiques, le guerrier a souvent eu le nez cassé plusieurs fois mais ça ajoute à son charme.
  • Dans les romances contemporaines, le héros est souvent un bad boy et l’héroïne une sage demoiselle pure et innocente qui va réussir à le canaliser.
  • Dans les romances d’urban fantasy, le héros est souvent un vampire disco à l’air constipé. Ou alors c’est juste dans Twilight, je dois vérifier.
  • Dans les romances MM, un des héros est souvent une caricature gay et quand on visualise son look, on a envie de se crever les yeux avec des goupillons de biberons.
  • Dans les romances dino porn, l’héroïne s’appelle souvent Kelly. Ou alors c’était dans Beverly Hills 90210, parfois je mélange tout.
  • Dans les romances young adult, l’héroïne est souvent magnifique sans en avoir aucune idée et tous les garçons sont attirés par elle.
  • Dans les romances new adult, le héros est souvent mystérieux et traîne plus de casseroles qu’une deudeuche lors d’un mariage bucolique.
  • Dans les romances érotiques, l’héroïne est souvent vierge devient la reine de la fellation dès la première tentative.

En bref (comme si je savais faire bref), on les retrouve dans chaque type de romance. Mais ça vaut aussi pour les autres genres, je pense notamment au flic de polar divorcé, alcoolique, bourru et qui a du mal à respecter les consignes de ses supérieurs. Mais comme toujours, je préfère parler de ce que je connais le mieux et ce ne sont donc pas les ouvrages philosophique traitant de la place des cultures tribales dans l’expansion éthique des bracelets de l’amitié.

Je suis comme tout le monde, j’ai mes « plaisirs coupables » (et non, je ne parle pas de plaisirs censurés et interdits aux moins de 18 ans) et j’aime certains clichés. Oui, mais j’aime qu’ils soient bien menés. Qu’ils servent un objectif en particulier et ne soient pas présents dans l’histoire juste pour le decorum. Qu’ils soient adaptés au style de l’auteur-e et que ce dernier leur apporte quelque chose. Qu’ils n’y en ait pas 82 à la chaîne dans le roman de 300 pages que je lis. Et bien sûr, on revient toujours à cette histoire qui guide ma vie à présent : il faut qu’ils soient en accord avec mes valeurs.

Par exemple, dans une romance érotique, l’idée que la femme ne puisse pas avoir un orgasme sans l’aide de l’homme, ça a le don de me déclencher des tics faciaux nerveux qui donnent l’impression que je reviens d’un déploiement en Afghanistan avec un PTSD de force 10.

Mais globalement, je n’ai rien contre les clichés. J’en use moi-même sans scrupules lorsque je suis convaincue que ça colle avec l’histoire que j’écris. Mes bêtas-lectrices sont de toute façon là pour me dire si je suis allée trop loin. Je travaille avec elle justement parce qu’elles sont aussi de grandes lectrices et que leur vision des choses correspond à la mienne sur le sujet.

Alors des clichés, oui, mais bien dosés et bien menés. Et toi, ces clichés, tu en penses quoi ? On peut en parler sur le groupe Facebook, viens, on a des marshmallows et du beurre de cacahuètes.

 

Écrire sur commande

Il y a des tas de choses que je sais faire et que je sais bien faire. Voire que j’ai élevées au rang d’art, pour certaines.

  • Toucher mon coude avec ma langue (tu viens d’essayer, avoue)
  • Le fromage vegan (même si ma recette mériterait d’être perfectionnée)
  • Des mini attrape-rêves trop choupinous (mais je n’ai pas assez de patience pour continuer à en faire)
  • Jouer les solos de guitare dans les chansons de Muse en les chantant (au grand plaisir de ma famille)
  • Coder quelques bidules en html (mais c’est plus facile de demander à DH de s’en occuper)
  • Des traits d’eyeliner parfaitement symétriques et nets (même si au début, c’était plutôt en mode Crayola spécial moins de 6 ans)
  • Des blagues salaces au moment le moins opportun (au grand plaisir de ma famille)
  • Mettre des chansons ringardes dans la tête de mon entourage (« à toutes les filles que j’ai aimées, avant…) (ne me remercie pas, c’est cadeau)
  • Dessiner des bonhommes bâtons (c’est une fierté qui me suit depuis mes 5 ans et que je devais placer ici)

[click_to_tweet tweet= »Écrire sur commande, à mon grand désespoir, je ne sais pas faire. » quote= »Mais écrire sur commande, à mon grand désespoir, je ne sais pas le faire. »]

J’aimerais maîtriser cet aspect de l’activité d’auteur, j’aimerais vraiment le maîtriser. Ça faciliterait tellement les corrections éditoriales, mais aussi les appels à textes qui sont parfois de belles opportunités. Je pourrais suivre la mode, surfer sur la tendance, plaire à plus de personnes et peut-être vendre plus de livres.

Mais j’en suis incapable. Je ne sais pas si c’est mon caractère naturellement rebelle (certains diraient « chiante » ou carrément « ultra chiante »), mais dès qu’il y a des contraintes à respecter, je me bloque. En mode 1, 2, 3 soleil !, je me fige et c’est terminé, je ne bougerai pas (j’ai toujours été une excellente joueuse à ce jeu) (malgré mon manque d’équilibre et de coordination).

Alors vraiment, quand je vois ces auteur-e-s qui peuvent écrire sur des sujets imposés, je les admire et je me dis que j’aimerais bien, moi aussi, réussir cet exercice. Un jour peut-être… En attendant, je m’accroche à ce que je sais faire, voir la liste ci-dessus à laquelle j’ajoute : écrire ce que j’ai envie d’écrire, sans me poser des questions, sinon je me fais un torticolis aux neurones puis je panique et on me perd dans un vieux syndrome pourri de la page blanche. Je t’en parle vite, de ce blocage qui touche absolument tous les écrivains.

C’est tellement d’honneur !

Disclaimer : je ne vise/n’accuse aucun éditeur/auteur dans cet article. Je sais qu’il y a des gens biens et honnêtes dans le milieu, heureusement, mais mon article dénonce une réalité trop souvent généralisée.

Est-ce qu’on pourrait, une seconde, s’arrêter sur le concept de cette histoire d’honneur mal placé ? Oui, nous allons nous y arrêter, parce que personne ne peut m’empêcher de dire ce que je veux sur mon site. Vu que j’y suis l’impératrice.

Je ne vais pas tourner autour du pot, la subtilité n’étant pas mon fort comme tu as pu le constater si ce n’est pas la première fois que tu me lis (sinon, ça te met direct dans le bain) : nous allons parler de la relation déséquilibrée éditeur-auteur.

Combien de fois, depuis que je suis publiée, j’ai entendu des auteurs dire « J’ai tellement de chance que JurrasicPornPublishing publie mon roman ! »* ou encore « Je me sens tellement honoré-e que JPP édite mon texte ! »

Systématiquement, je lève tellement les yeux au ciel que je peux faire un clin d’œil au lobe frontal droit de mon cerveau.

Je vais t’expliquer une notion très simple et tu vas voir, avec ce postulat en mémoire, le reste coulera de source.

[click_to_tweet tweet= »L’éditeur ne fait pas un honneur à l’auteur en le publiant. L’auteur non plus, d’ailleurs.  » quote= »L’éditeur ne fait pas un honneur à l’auteur en le publiant. L’auteur non plus, d’ailleurs. « ]

L’éditeur, en publiant des auteurs, fait son job. L’auteur, en proposant son manuscrit à un éditeur, fait son job. La relation devrait être horizontale et en aucun cas pyramidale. Tu as bien noté le « devrait ». Car dans les faits, les auteurs en sont les premiers coupables : l’éditeur a l’ascendant.

Tout est une question de logique. Si Kelly se présente à JPP en lui donnant l’impression qu’elle est désespérée et si elle le remercie à chaudes larmes de gratitude de daigner ouvrir son manuscrit ou de le faire passer en comité, et si elle lui sacrifie son premier né avec le sang duquel elle signe au bas du contrat, forcément, JPP se sent en position de force.

Mais si Kelly arrive en ayant confiance en elle, en se disant que son travail vaut aussi bien que celui d’un autre, si Kelly se rappelle que sans auteurs, il n’y a pas d’éditeurs (mais que sans éditeurs il y a des auteurs… intéressant comme constat, non ?) alors elle ne participera pas à l’idée inscrite dans l’inconscient collectif qu’un éditeur rend service à un auteur en acceptant son texte.

Car lorsqu’un éditeur décide d’intégrer un manuscrit à son catalogue, ce sont pour des raisons pratiques, pragmatiques, même. L’éditeur est un professionnel, un businessman, il peut aussi être passionné bien sûr, mais s’il ne fait pas rentrer l’argent dans les caisses de la boîte, il est dans la merde. Donc il ne fait rien par hasard, et encore moins par compassion ou pitié. Il stratégise (et c’est pas la peine de me souligner ce mot en rouge, correcteur, je le laisse) (rapport au fait que je suis l’impératrice, tout ça). Quand il choisit le texte de Kelly, le PDG de JPP envoie ce message : je veux risquer un investissement sur ce dino porn parce que je veux un retour sur cet investissement et que je pense pouvoir en avoir un avec ce titre.

À partir de là, c’est très basique : l’éditeur et l’auteur devraient travailler main dans la main, face à face, en réalisant qu’ils ont autant besoin l’un de l’autre et qu’ils ont un objectif commun : le succès du roman. Alors quand Kelly se répète qu’elle se sent tellement, mais tellement honorée d’être l’élue, elle entérine une inégalité déjà bien installée dans le milieu et qu’il est difficile de modifier.

Je te vois venir, tu trouves que je râle encore, c’est ça ? Oui, tu as raison, râler est pour moi aussi vital que la subtilité. Mais je râle en argumentant et je suis convaincue que si les auteurs commençaient eux-mêmes par cesser de se dévaloriser, des mouvements comme #PayeTonAuteur n’auraient plus lieu d’exister car l’éditeur ne fonctionnerait plus aussi souvent selon la philosophie Jean-Claude Duss « sur un malentendu… » en se disant que l’auteur va accepter des conditions de contrat irrespectueuses voire insultantes sous prétexte qu’il se sent privilégié. Avec un peu de bol, il va être si flatté qu’il va fermer les yeux sur les misérables « à valoir » (appelés aussi « avance sur droits d’auteur ») (quand il y en a) et les 18 clauses abusives imposées par défaut.

Je suis pour le communisme éditorial (je suis idéaliste et naïve comme ça). Si on arrêtait de rémunérer de façon scandaleuse une poignée d’auteurs au détriment de ceux qui, finalement, ne représentent que la plèbe des écrivains, les billes seraient harmonieusement réparties et chaque auteur partirait avec les mêmes chances de réussir que n’importe quel autre de ses collègues. Ensuite, les ventes détermineraient les différences financières et non plus l’éditeur : le pouvoir serait au lectorat (et la qualité du texte primerait sur le budget comm). L’auteur, même Kelly avec son dino porn de série B, serait assuré d’avoir récolté un minimum de fruits pour son travail.

[click_to_tweet tweet= »Mais ça, ce serait dans un monde où on arrêterait de penser que l’auteur peut vivre d’amour et d’eau fraîche. » quote= »Mais ça, ce serait dans un monde où on arrêterait de penser que l’auteur peut vivre d’amour et d’eau fraîche. »]

Parce que c’est un artiste et qu’on sait que les artistes se contentent de quelques miettes que la société veut bien laisser sur le trottoir pour eux. Puis on ne va pas se plaindre, avec un peu de bol, on aura du succès à titre posthume, c’est déjà pas mal, hein. Non parce que tout le monde trouve ça normal que tous, absolument tous les acteurs de la chaîne éditoriale touchent un revenu fixe (ou à la commission mais bonjour les % par rapport à ceux de l’auteur) (oui, la taille ça compte), sauf l’auteur, bien sûr. Après tout, son rôle se résume à écrire le produit qui va être commercialisé. Une broutille, en somme.

Je n’ai jamais trop eu à me plaindre à ce niveau, mais comme j’aime les causes perdues et que je suis de nature militante, aujourd’hui je fais de ce combat le mien, que je sois directement concernée ou non, parce que les systèmes pyramidaux m’ont toujours agacée (sauf si je suis en haut de la pyramide, bien sûr) (je déconne) (enfin faut que j’y réfléchisse). Et comme je te le disais dans l’article sur la dissonance cognitive, ça ne plaît pas à tout le monde que je m’exprime. Mais ça tombe bien, ce que les autres peuvent penser de moi m’est égal et glisse sur moi comme l’ère glaciaire sur la peau d’un T-Rex (mauvais exemple, je sais, mais on se comprend) (c’était pour rester dans ma métaphore filée du dino porn) (je te le précise vu que j’ai encore été subtile, sorry).

Qui ne dit mot consent. Parfois, les clichés et les expressions usées le sont pour une bonne raison. Les traditions éditoriales sclérosées du système français mériteraient un bon coup de pied histoire de faire voler en éclat le plafond de verre sous lequel les auteurs sont parqués. Mais je reconnais que mettre un coup de pied au plafond demande une souplesse particulière et on ne devient pas Van Damme en un jour. (oui, j’ai osé la référence à Van Damme) (je ne recule devant rien.)

*Pour conserver l’anonymat des auteurs et des éditeurs, les noms ont été subtilement modifiés. Peut-être devrais-je songer à déposer le nom de JPP, d’ailleurs.

Avant, je voulais qu’on m’aime.

Mais ça, c’était avant.

Aujourd’hui, abordons ce qui est devenu le fondement de ma philosophie de vie depuis des années mais que je ne suis parvenue à appliquer que récemment.

La dissonance cognitive, ou plus précisément, l’abolition de la dissonance cognitive.

Oui, c’est un article sponsorisé par le Yoda qui sommeille en moi. Un jour je serai ratatinée, fripée et toute verte.

Qu’est-ce donc que ce truc au nom pompeux ? Et bien comme souvent avec une appellation un peu prout-prout, se cache derrière une notion élémentaire. Dans ce cas, il s’agit de penser blanc et agir noir, tout simplement. La dissonance cognitive créé un déséquilibre entre tes valeurs et tes actions.

Prenons Kelly comme exemple : elle est très investie dans la cause animale. Elle inonde son mur Facebook de liens de pétitions, d’articles pute-à-clic sur des massacres en masse, sur les conditions des abattoirs etc. Elle est convaincue que les animaux méritent autant de respect que n’importe quel être vivant, y compris les dinosaures acteurs porno. Pourtant, quand on observe son style de vie, on s’aperçoit qu’elle porte des chaussures en cuir, mange de la viande, va se promener au zoo et lit des dino porn.
=> ses valeurs disent blanc, ses actions disent noir. C’est un parfait exemple de dissonance cognitive.

Dans la vie, il arrive qu’on ait envie de dire quelque chose qu’on pense vraiment, mais qu’on préfère se taire. Sait-on jamais que l’autre cesse de nous apprécier. Ou pire : qu’il nous juge. Quelle angoisse. Non, le plus prudent est de serrer les dents et encaisser. Comme ça, on s’assure que l’autre nous aime toujours. C’est important de se sentir aimé. Non ?

Non. Pas par n’importe qui. Et c’est ça que j’ai appris au fil des ans en essayant de comprendre pourquoi je me retrouvais dans des relations toxiques, personnelles ou/et professionnelles. Parce que je voulais tellement, mais tellement, qu’on m’aime, que j’encaissais en souriant. J’étais en pleine dissonance cognitive à tendance masochiste. Et ça me rendait malheureuse, bien sûr. Parce que quand je me retrouvais seule avec moi-même dans ma tête, je voyais bien que mes valeurs n’étaient pas alignées avec mes actions.

J’ai compris, petit à petit, que si je voulais être heureuse, je devais arrêter de me brider dans la crainte qu’on cesse de m’apprécier. C’est un travail en progression constante, la perfection n’est pas de ce monde, et le résultat est là : on me juge négativement, on m’apprécie moins pour certaines personnes, on me déteste carrément pour d’autres.

Et alors ?

Je ne dis pas qu’il faut envoyer chier tout le monde, être en accord avec ses valeurs n’empêche pas d’être respectueux et diplomate. Ce n’est pas tant la forme qui compte mais le fond, ce qu’on dit, l’image qu’on renvoie de soi aux autres.

Peut-être te demandes-tu ce que cet article pseudo-philosophique fait sur mon site ? Quel est donc le rapport avec l’édition ?

Mouhahahaha, ma chewie, ça a tellement à voir que je ne saurais par où commencer pour t’expliquer à quel point ce milieu m’apprend sur qui je suis et surtout : qui je veux être.

[click_to_tweet tweet= »L’édition, c’est la jungle. Alors tu prends ta machette, tu gobes une douzaine de RedBull, tu lances The Eye Of The Tiger sur ton iPod… » quote= »L’édition, c’est la jungle. Alors tu prends ta machette, tu gobes une douzaine de RedBull, tu lances The Eye Of The Tiger sur ton iPod… »]

…, et tu fais tout pour que le merveilleux univers éditorial ne change pas tes valeurs et ne t’empêche pas de les appliquer.

Parce que quand tu te couches le soir, ce n’est pas avec ton éditeur, tes lecteurs, tes collègues ou T-Rex, la star du dino porn, que tu te retrouves. Mais avec toi-même. Et ton chat, si tu en as un, mais rassure-toi, les chats sont incapables d’amour, ils n’aiment personne à part eux-mêmes. Du coup, son opinion n’a aucun intérêt pour toi, surtout qu’il n’éprouve que du mépris à ton égard. Et encore, seulement les jours où il daigne éprouver quoi que ce soit.

Donc c’est sûr, aujourd’hui, suite à ma petite expérience de prise de conscience, je n’accepte plus de bullshit de personne, et ça ne plaît pas à tout le monde. Mais hé, comme je suis en accord avec mes valeurs, ce que certains pensent de moi est le cadet de mes soucis. Essaie, tu verras, ça vaut le coup. On n’est pas à Candy Crush*, on n’a qu’une vie, ça serait pas mal d’en tirer le meilleur.

*Je n’ai jamais joué à ce jeu mais comme on m’a souvent demandé sur FB des clics pour avoir des vies, je suppose qu’on a plus d’une vie… oui, je suis douée comme ça en déduction.