La première fois

La première fois qu’un éditeur a accepté mon manuscrit, j’ai téléphoné à ma mère, ma sœur, mon mari, et j’ai fait une danse de la joie.

La première fois que j’ai été publiée, j’ai actualisé 48 fois par minute la page Amazon pour voir si j’avais un commentaire.

La première fois que j’ai eu un commentaire, c’était un 5/5 et je ne connaissais même pas la personne qui l’avait posté. J’ai fait une danse de la joie.

La première fois que j’ai dédicacé, je n’avais pas de livre, juste des cartes postales, et j’ai cru que la file de lecteurs était pour un auteur populaire qui devait être à côté, alors j’ai commencé à râler que c’était trop injuste. Et ma Gala m’a dit « Non ma Fleur, je crois qu’ils viennent nous voir nous. » Elle avait raison, j’ai fait une danse de la joie dans ma tête en vous rencontrant.

La première fois qu’un magazine a parlé de moi, j’ai prévenu toute la famille jusqu’aux 7° degré pour qu’ils achètent chacun 3 exemplaires, au cas où.

La première fois qu’un mari de lectrice m’a envoyé un message privé pour me remercier d’avoir boosté la libido de sa femme avec Feeling Good, je ne savais plus où me mettre, j’ai répondu « de rien » et j’ai eu un fou rire nerveux.

La première fois que j’ai eu le syndrome de la page blanche, j’ai cru que jamais, tu entends, jamais plus je n’écrirai une ligne !

La première fois que j’ai touché des droits d’auteure, c’était moins de 100 euros et je n’ai jamais plus été aussi euphorique qu’à cet instant. J’ai fait une danse de la joie et j’ai commandé chez le traiteur Indien pour fêter ça avec mon mari et ma fille. J’ai fait une indigestion de naans, mais ça en valait le coup.

La première fois qu’une lectrice est venue me voir en dédicace, les larmes aux yeux, pour me remercier d’avoir écrit les Bottes Rouges, j’ai pleuré.

La première fois que j’ai écrit un manuscrit médiocre, je me suis dit que jamais, tu entends, jamais plus je n’écrirai une ligne !

La première fois que j’ai signé un contrat chez un éditeur traditionnel qui proposait des à valoir, j’ai fait une danse de la joie.

La première fois que je suis passée à la radio, je n’ai pas bafouillé, mais je ne me souviens plus de ce que j’ai dit et j’ai refusé de m’écouter en différé.

La première fois que j’ai eu une chronique assassine, c’était dans un webzine et la lectrice était aussi auteure, je me suis demandé si elle aurait bien encaissé qu’on accuse son livre de ne pas valoir l’encre et le papier sur lequel il était imprimé.

La première fois que j’ai été interviewée pour un magazine, j’ai rencontré une femme formidable et nous avons parlé pendant 2h au téléphone.

La première fois que j’ai signé un contrat sur synopsis, je me suis dit que jamais, tu entends, jamais plus je ne le ferai.

La première fois que j’ai changé d’éditeur, j’avais la trouille et l’impression de me jeter dans le vide sans filet de sécurité.

La première fois que j’ai reçu un cadeau de lectrice, j’ai cru qu’il y avait erreur, que c’était pour quelqu’un d’autre, ça ne pouvait pas être pour moi, juste parce qu’elle avait adoré mon livre. J’étais embarrassée mais ça ne m’a pas empêchée de faire une danse de la joie.

La première fois que j’ai dédicacé à l’étranger, on m’a demandé où étaient les toilettes et j’ai ri, mais ri…

La première fois qu’on m’a arrêtée dans la rue pour me dire « vous ne seriez pas Fleur Hana, par hasard ? » n’est jamais arrivée, mais ce serait drôle si ça arrivait un jour et que je réponde : « Non, c’est à côté. »

La première fois que je suis devenue auteure, c’est quand quelqu’un a pris le temps de me lire. Et c’est une première fois qui se produit dès que quelqu’un ouvre un de mes romans. Et ça, je ne m’y habituerai jamais. Mais j’espère que ça ne s’arrêtera jamais non plus.

Et vous, votre première fois, elle était comment ?

Les clichés dans la romance

Les clichés ou lieux communs sont des éléments récurrents qui, à force d’être lus (dans le cas des romances) (puisqu’on ne parle pas ici de la reproduction saisonnière des galinettes cendrées), intègrent des codes qui, eux-mêmes, finissent par définir le genre. (Parfois, je me transforme en pseudo-wikipedia)

Personnellement, je n’ai absolument rien contre les clichés. S’ils le sont, c’est parce qu’ils contiennent forcément une part de vérité. Comme le dit le fameux dicton, qui peut être lui-même considéré comme un cliché (magnifique mise en abîme de ma part de la notion de cliché) (si si, tu peux applaudir, ne sois pas timide) : il n’y a pas de fumée sans feu. Un cliché ne l’est que parce qu’on lui permet de l’être. C’est l’appréciation d’une situation qui pousse d’autres personnes à la reprendre à leur compte et ainsi de suite.

Par exemple, prenons Kelly et le dino porn. Le héros est bien souvent un T-Rex. Non, alors je n’en sais rien en réalité car je n’ai jamais lu de dino porn, mais ça va servir mon propos puisqu’on va se dire que le T-Rex est à la préhistoire ce que le bad boy est à la romance. Je vais arrêter là cette comparaison parce que je sens que je vais m’enliser, mais je ne pouvais pas ne pas mentionner le dino porn, c’est devenu une tradition. Ou, pour creuser un peu plus la mise en abîme : c’est devenu un cliché dans mes articles. Tu as vu comme je retombe bien sur mes pieds ?

Le souci avec les clichés n’est pas tant qu’ils le soient, mais leur sur-abondance dans une littérature qui, à force de répéter les mêmes schémas, tourne en rond et s’auto-alimente en circuit fermé. Si tu es lecteur-lectrice de romances du genre au point d’en dégommer plusieurs par semaine, les clichés, tu en manges autant que The Rock dévore des protéines à toute heure de la journée et de la nuit. Et le risque devient bien entendu de se lasser.

Comme pour tout, le cliché est, à mon avis, à consommer avec modération. Que l’auteur-e s’approprie un cliché vu, revu et rerevu, pourquoi pas ? Nous le faisons tous, consciemment ou non, à un moment. Puisque je rappelle que personne n’invente jamais rien : nous nous inspirons tous de notre contexte sociétal et, fatalement, ça a des conséquences sur la production littéraire de manière générale. Mais qu’une romance ne soit qu’une suite de clichés conduit à une overdose générale qui pourrait, à terme, tuer le genre. Ou le figer au point de devoir ensuite en passer par une révolution. Ce qui ne me dérangerait pas puisque je reconnais volontiers que, parfois, seule une révolte et un changement radical peuvent faire avancer les choses.

Le cliché que j’estime efficace est celui qui est utilisé intelligemment et ne sert pas uniquement de prétexte à remplir une histoire d’éléments qui ont fait leurs preuves mais ont l’air de tomber, pardon my french, comme un poil de couille dans le potage.

  • Dans les romances historiques, le guerrier a souvent eu le nez cassé plusieurs fois mais ça ajoute à son charme.
  • Dans les romances contemporaines, le héros est souvent un bad boy et l’héroïne une sage demoiselle pure et innocente qui va réussir à le canaliser.
  • Dans les romances d’urban fantasy, le héros est souvent un vampire disco à l’air constipé. Ou alors c’est juste dans Twilight, je dois vérifier.
  • Dans les romances MM, un des héros est souvent une caricature gay et quand on visualise son look, on a envie de se crever les yeux avec des goupillons de biberons.
  • Dans les romances dino porn, l’héroïne s’appelle souvent Kelly. Ou alors c’était dans Beverly Hills 90210, parfois je mélange tout.
  • Dans les romances young adult, l’héroïne est souvent magnifique sans en avoir aucune idée et tous les garçons sont attirés par elle.
  • Dans les romances new adult, le héros est souvent mystérieux et traîne plus de casseroles qu’une deudeuche lors d’un mariage bucolique.
  • Dans les romances érotiques, l’héroïne est souvent vierge devient la reine de la fellation dès la première tentative.

En bref (comme si je savais faire bref), on les retrouve dans chaque type de romance. Mais ça vaut aussi pour les autres genres, je pense notamment au flic de polar divorcé, alcoolique, bourru et qui a du mal à respecter les consignes de ses supérieurs. Mais comme toujours, je préfère parler de ce que je connais le mieux et ce ne sont donc pas les ouvrages philosophique traitant de la place des cultures tribales dans l’expansion éthique des bracelets de l’amitié.

Je suis comme tout le monde, j’ai mes « plaisirs coupables » (et non, je ne parle pas de plaisirs censurés et interdits aux moins de 18 ans) et j’aime certains clichés. Oui, mais j’aime qu’ils soient bien menés. Qu’ils servent un objectif en particulier et ne soient pas présents dans l’histoire juste pour le decorum. Qu’ils soient adaptés au style de l’auteur-e et que ce dernier leur apporte quelque chose. Qu’ils n’y en ait pas 82 à la chaîne dans le roman de 300 pages que je lis. Et bien sûr, on revient toujours à cette histoire qui guide ma vie à présent : il faut qu’ils soient en accord avec mes valeurs.

Par exemple, dans une romance érotique, l’idée que la femme ne puisse pas avoir un orgasme sans l’aide de l’homme, ça a le don de me déclencher des tics faciaux nerveux qui donnent l’impression que je reviens d’un déploiement en Afghanistan avec un PTSD de force 10.

Mais globalement, je n’ai rien contre les clichés. J’en use moi-même sans scrupules lorsque je suis convaincue que ça colle avec l’histoire que j’écris. Mes bêtas-lectrices sont de toute façon là pour me dire si je suis allée trop loin. Je travaille avec elle justement parce qu’elles sont aussi de grandes lectrices et que leur vision des choses correspond à la mienne sur le sujet.

Alors des clichés, oui, mais bien dosés et bien menés. Et toi, ces clichés, tu en penses quoi ? On peut en parler sur le groupe Facebook, viens, on a des marshmallows et du beurre de cacahuètes.

 

Écrire sur commande

Il y a des tas de choses que je sais faire et que je sais bien faire. Voire que j’ai élevées au rang d’art, pour certaines.

  • Toucher mon coude avec ma langue (tu viens d’essayer, avoue)
  • Le fromage vegan (même si ma recette mériterait d’être perfectionnée)
  • Des mini attrape-rêves trop choupinous (mais je n’ai pas assez de patience pour continuer à en faire)
  • Jouer les solos de guitare dans les chansons de Muse en les chantant (au grand plaisir de ma famille)
  • Coder quelques bidules en html (mais c’est plus facile de demander à DH de s’en occuper)
  • Des traits d’eyeliner parfaitement symétriques et nets (même si au début, c’était plutôt en mode Crayola spécial moins de 6 ans)
  • Des blagues salaces au moment le moins opportun (au grand plaisir de ma famille)
  • Mettre des chansons ringardes dans la tête de mon entourage (« à toutes les filles que j’ai aimées, avant…) (ne me remercie pas, c’est cadeau)
  • Dessiner des bonhommes bâtons (c’est une fierté qui me suit depuis mes 5 ans et que je devais placer ici)

[click_to_tweet tweet= »Écrire sur commande, à mon grand désespoir, je ne sais pas faire. » quote= »Mais écrire sur commande, à mon grand désespoir, je ne sais pas le faire. »]

J’aimerais maîtriser cet aspect de l’activité d’auteur, j’aimerais vraiment le maîtriser. Ça faciliterait tellement les corrections éditoriales, mais aussi les appels à textes qui sont parfois de belles opportunités. Je pourrais suivre la mode, surfer sur la tendance, plaire à plus de personnes et peut-être vendre plus de livres.

Mais j’en suis incapable. Je ne sais pas si c’est mon caractère naturellement rebelle (certains diraient « chiante » ou carrément « ultra chiante »), mais dès qu’il y a des contraintes à respecter, je me bloque. En mode 1, 2, 3 soleil !, je me fige et c’est terminé, je ne bougerai pas (j’ai toujours été une excellente joueuse à ce jeu) (malgré mon manque d’équilibre et de coordination).

Alors vraiment, quand je vois ces auteur-e-s qui peuvent écrire sur des sujets imposés, je les admire et je me dis que j’aimerais bien, moi aussi, réussir cet exercice. Un jour peut-être… En attendant, je m’accroche à ce que je sais faire, voir la liste ci-dessus à laquelle j’ajoute : écrire ce que j’ai envie d’écrire, sans me poser des questions, sinon je me fais un torticolis aux neurones puis je panique et on me perd dans un vieux syndrome pourri de la page blanche. Je t’en parle vite, de ce blocage qui touche absolument tous les écrivains.

C’est tellement d’honneur !

Disclaimer : je ne vise/n’accuse aucun éditeur/auteur dans cet article. Je sais qu’il y a des gens biens et honnêtes dans le milieu, heureusement, mais mon article dénonce une réalité trop souvent généralisée.

Est-ce qu’on pourrait, une seconde, s’arrêter sur le concept de cette histoire d’honneur mal placé ? Oui, nous allons nous y arrêter, parce que personne ne peut m’empêcher de dire ce que je veux sur mon site. Vu que j’y suis l’impératrice.

Je ne vais pas tourner autour du pot, la subtilité n’étant pas mon fort comme tu as pu le constater si ce n’est pas la première fois que tu me lis (sinon, ça te met direct dans le bain) : nous allons parler de la relation déséquilibrée éditeur-auteur.

Combien de fois, depuis que je suis publiée, j’ai entendu des auteurs dire « J’ai tellement de chance que JurrasicPornPublishing publie mon roman ! »* ou encore « Je me sens tellement honoré-e que JPP édite mon texte ! »

Systématiquement, je lève tellement les yeux au ciel que je peux faire un clin d’œil au lobe frontal droit de mon cerveau.

Je vais t’expliquer une notion très simple et tu vas voir, avec ce postulat en mémoire, le reste coulera de source.

[click_to_tweet tweet= »L’éditeur ne fait pas un honneur à l’auteur en le publiant. L’auteur non plus, d’ailleurs.  » quote= »L’éditeur ne fait pas un honneur à l’auteur en le publiant. L’auteur non plus, d’ailleurs. « ]

L’éditeur, en publiant des auteurs, fait son job. L’auteur, en proposant son manuscrit à un éditeur, fait son job. La relation devrait être horizontale et en aucun cas pyramidale. Tu as bien noté le « devrait ». Car dans les faits, les auteurs en sont les premiers coupables : l’éditeur a l’ascendant.

Tout est une question de logique. Si Kelly se présente à JPP en lui donnant l’impression qu’elle est désespérée et si elle le remercie à chaudes larmes de gratitude de daigner ouvrir son manuscrit ou de le faire passer en comité, et si elle lui sacrifie son premier né avec le sang duquel elle signe au bas du contrat, forcément, JPP se sent en position de force.

Mais si Kelly arrive en ayant confiance en elle, en se disant que son travail vaut aussi bien que celui d’un autre, si Kelly se rappelle que sans auteurs, il n’y a pas d’éditeurs (mais que sans éditeurs il y a des auteurs… intéressant comme constat, non ?) alors elle ne participera pas à l’idée inscrite dans l’inconscient collectif qu’un éditeur rend service à un auteur en acceptant son texte.

Car lorsqu’un éditeur décide d’intégrer un manuscrit à son catalogue, ce sont pour des raisons pratiques, pragmatiques, même. L’éditeur est un professionnel, un businessman, il peut aussi être passionné bien sûr, mais s’il ne fait pas rentrer l’argent dans les caisses de la boîte, il est dans la merde. Donc il ne fait rien par hasard, et encore moins par compassion ou pitié. Il stratégise (et c’est pas la peine de me souligner ce mot en rouge, correcteur, je le laisse) (rapport au fait que je suis l’impératrice, tout ça). Quand il choisit le texte de Kelly, le PDG de JPP envoie ce message : je veux risquer un investissement sur ce dino porn parce que je veux un retour sur cet investissement et que je pense pouvoir en avoir un avec ce titre.

À partir de là, c’est très basique : l’éditeur et l’auteur devraient travailler main dans la main, face à face, en réalisant qu’ils ont autant besoin l’un de l’autre et qu’ils ont un objectif commun : le succès du roman. Alors quand Kelly se répète qu’elle se sent tellement, mais tellement honorée d’être l’élue, elle entérine une inégalité déjà bien installée dans le milieu et qu’il est difficile de modifier.

Je te vois venir, tu trouves que je râle encore, c’est ça ? Oui, tu as raison, râler est pour moi aussi vital que la subtilité. Mais je râle en argumentant et je suis convaincue que si les auteurs commençaient eux-mêmes par cesser de se dévaloriser, des mouvements comme #PayeTonAuteur n’auraient plus lieu d’exister car l’éditeur ne fonctionnerait plus aussi souvent selon la philosophie Jean-Claude Duss « sur un malentendu… » en se disant que l’auteur va accepter des conditions de contrat irrespectueuses voire insultantes sous prétexte qu’il se sent privilégié. Avec un peu de bol, il va être si flatté qu’il va fermer les yeux sur les misérables « à valoir » (appelés aussi « avance sur droits d’auteur ») (quand il y en a) et les 18 clauses abusives imposées par défaut.

Je suis pour le communisme éditorial (je suis idéaliste et naïve comme ça). Si on arrêtait de rémunérer de façon scandaleuse une poignée d’auteurs au détriment de ceux qui, finalement, ne représentent que la plèbe des écrivains, les billes seraient harmonieusement réparties et chaque auteur partirait avec les mêmes chances de réussir que n’importe quel autre de ses collègues. Ensuite, les ventes détermineraient les différences financières et non plus l’éditeur : le pouvoir serait au lectorat (et la qualité du texte primerait sur le budget comm). L’auteur, même Kelly avec son dino porn de série B, serait assuré d’avoir récolté un minimum de fruits pour son travail.

[click_to_tweet tweet= »Mais ça, ce serait dans un monde où on arrêterait de penser que l’auteur peut vivre d’amour et d’eau fraîche. » quote= »Mais ça, ce serait dans un monde où on arrêterait de penser que l’auteur peut vivre d’amour et d’eau fraîche. »]

Parce que c’est un artiste et qu’on sait que les artistes se contentent de quelques miettes que la société veut bien laisser sur le trottoir pour eux. Puis on ne va pas se plaindre, avec un peu de bol, on aura du succès à titre posthume, c’est déjà pas mal, hein. Non parce que tout le monde trouve ça normal que tous, absolument tous les acteurs de la chaîne éditoriale touchent un revenu fixe (ou à la commission mais bonjour les % par rapport à ceux de l’auteur) (oui, la taille ça compte), sauf l’auteur, bien sûr. Après tout, son rôle se résume à écrire le produit qui va être commercialisé. Une broutille, en somme.

Je n’ai jamais trop eu à me plaindre à ce niveau, mais comme j’aime les causes perdues et que je suis de nature militante, aujourd’hui je fais de ce combat le mien, que je sois directement concernée ou non, parce que les systèmes pyramidaux m’ont toujours agacée (sauf si je suis en haut de la pyramide, bien sûr) (je déconne) (enfin faut que j’y réfléchisse). Et comme je te le disais dans l’article sur la dissonance cognitive, ça ne plaît pas à tout le monde que je m’exprime. Mais ça tombe bien, ce que les autres peuvent penser de moi m’est égal et glisse sur moi comme l’ère glaciaire sur la peau d’un T-Rex (mauvais exemple, je sais, mais on se comprend) (c’était pour rester dans ma métaphore filée du dino porn) (je te le précise vu que j’ai encore été subtile, sorry).

Qui ne dit mot consent. Parfois, les clichés et les expressions usées le sont pour une bonne raison. Les traditions éditoriales sclérosées du système français mériteraient un bon coup de pied histoire de faire voler en éclat le plafond de verre sous lequel les auteurs sont parqués. Mais je reconnais que mettre un coup de pied au plafond demande une souplesse particulière et on ne devient pas Van Damme en un jour. (oui, j’ai osé la référence à Van Damme) (je ne recule devant rien.)

*Pour conserver l’anonymat des auteurs et des éditeurs, les noms ont été subtilement modifiés. Peut-être devrais-je songer à déposer le nom de JPP, d’ailleurs.

Avant, je voulais qu’on m’aime.

Mais ça, c’était avant.

Aujourd’hui, abordons ce qui est devenu le fondement de ma philosophie de vie depuis des années mais que je ne suis parvenue à appliquer que récemment.

La dissonance cognitive, ou plus précisément, l’abolition de la dissonance cognitive.

Oui, c’est un article sponsorisé par le Yoda qui sommeille en moi. Un jour je serai ratatinée, fripée et toute verte.

Qu’est-ce donc que ce truc au nom pompeux ? Et bien comme souvent avec une appellation un peu prout-prout, se cache derrière une notion élémentaire. Dans ce cas, il s’agit de penser blanc et agir noir, tout simplement. La dissonance cognitive créé un déséquilibre entre tes valeurs et tes actions.

Prenons Kelly comme exemple : elle est très investie dans la cause animale. Elle inonde son mur Facebook de liens de pétitions, d’articles pute-à-clic sur des massacres en masse, sur les conditions des abattoirs etc. Elle est convaincue que les animaux méritent autant de respect que n’importe quel être vivant, y compris les dinosaures acteurs porno. Pourtant, quand on observe son style de vie, on s’aperçoit qu’elle porte des chaussures en cuir, mange de la viande, va se promener au zoo et lit des dino porn.
=> ses valeurs disent blanc, ses actions disent noir. C’est un parfait exemple de dissonance cognitive.

Dans la vie, il arrive qu’on ait envie de dire quelque chose qu’on pense vraiment, mais qu’on préfère se taire. Sait-on jamais que l’autre cesse de nous apprécier. Ou pire : qu’il nous juge. Quelle angoisse. Non, le plus prudent est de serrer les dents et encaisser. Comme ça, on s’assure que l’autre nous aime toujours. C’est important de se sentir aimé. Non ?

Non. Pas par n’importe qui. Et c’est ça que j’ai appris au fil des ans en essayant de comprendre pourquoi je me retrouvais dans des relations toxiques, personnelles ou/et professionnelles. Parce que je voulais tellement, mais tellement, qu’on m’aime, que j’encaissais en souriant. J’étais en pleine dissonance cognitive à tendance masochiste. Et ça me rendait malheureuse, bien sûr. Parce que quand je me retrouvais seule avec moi-même dans ma tête, je voyais bien que mes valeurs n’étaient pas alignées avec mes actions.

J’ai compris, petit à petit, que si je voulais être heureuse, je devais arrêter de me brider dans la crainte qu’on cesse de m’apprécier. C’est un travail en progression constante, la perfection n’est pas de ce monde, et le résultat est là : on me juge négativement, on m’apprécie moins pour certaines personnes, on me déteste carrément pour d’autres.

Et alors ?

Je ne dis pas qu’il faut envoyer chier tout le monde, être en accord avec ses valeurs n’empêche pas d’être respectueux et diplomate. Ce n’est pas tant la forme qui compte mais le fond, ce qu’on dit, l’image qu’on renvoie de soi aux autres.

Peut-être te demandes-tu ce que cet article pseudo-philosophique fait sur mon site ? Quel est donc le rapport avec l’édition ?

Mouhahahaha, ma chewie, ça a tellement à voir que je ne saurais par où commencer pour t’expliquer à quel point ce milieu m’apprend sur qui je suis et surtout : qui je veux être.

[click_to_tweet tweet= »L’édition, c’est la jungle. Alors tu prends ta machette, tu gobes une douzaine de RedBull, tu lances The Eye Of The Tiger sur ton iPod… » quote= »L’édition, c’est la jungle. Alors tu prends ta machette, tu gobes une douzaine de RedBull, tu lances The Eye Of The Tiger sur ton iPod… »]

…, et tu fais tout pour que le merveilleux univers éditorial ne change pas tes valeurs et ne t’empêche pas de les appliquer.

Parce que quand tu te couches le soir, ce n’est pas avec ton éditeur, tes lecteurs, tes collègues ou T-Rex, la star du dino porn, que tu te retrouves. Mais avec toi-même. Et ton chat, si tu en as un, mais rassure-toi, les chats sont incapables d’amour, ils n’aiment personne à part eux-mêmes. Du coup, son opinion n’a aucun intérêt pour toi, surtout qu’il n’éprouve que du mépris à ton égard. Et encore, seulement les jours où il daigne éprouver quoi que ce soit.

Donc c’est sûr, aujourd’hui, suite à ma petite expérience de prise de conscience, je n’accepte plus de bullshit de personne, et ça ne plaît pas à tout le monde. Mais hé, comme je suis en accord avec mes valeurs, ce que certains pensent de moi est le cadet de mes soucis. Essaie, tu verras, ça vaut le coup. On n’est pas à Candy Crush*, on n’a qu’une vie, ça serait pas mal d’en tirer le meilleur.

*Je n’ai jamais joué à ce jeu mais comme on m’a souvent demandé sur FB des clics pour avoir des vies, je suppose qu’on a plus d’une vie… oui, je suis douée comme ça en déduction.

Crie mon nom, bébé

Sur le principe, pourquoi pas. Je ne suis vraiment pas contre, chacun-e observe les pratiques de son choix. Je remarque simplement que c’est quelque chose qui revient souvent dans les scènes érotiques des romances au moment de l’orgasme. Passons sur le fait qu’il arrive fréquemment en simultanée pour les 2 partenaires, cet orgasme (je ne pourrais dire ce qu’il en est quand ils sont plus nombreux, je n’ai pas encore lu de scène de ce genre) (ne te sens pas obligé-e de m’en faire passer une)

[click_to_tweet tweet= »Crie mon nom, bébé. Ou pas. » quote= »Crie mon nom, bébé. Ou pas. »]

Question logistique, ça peut poser quelques soucis qui me viennent à l’esprit et que je suis heureuse de partager avec toi parce que je ne suis qu’altruisme et abnégation.

Il faut déjà voir de quel prénom on parle

Je te le dis tout de suite, selon le prénom, je trouve que ça a moins d’impact. Par exemple, l’héroïne vient de rencontrer un type qui s’appelle Pierre-Etienne. Tu crois que j’invente et tu ricanes bêtement devant ton écran. Sans utiliser le prénom de mon mari parce que je suis sympa, il en a un composé aussi, et pas courant. Ce n’est pas Pierre-Etienne, ses parents étaient vaches mais pas à ce point. Voici les réactions que je pourrais avoir si mon mari me demandait de crier son nom :

  • Je me mets à rire. Ce qui serait ballot. Et vexant pour lui. Salaud, donc. Mais je me connais, je rirais.
  • Je bafouille. Je rappelle que je suis en plein orgasme, les probabilités que je ne maîtrise pas tout à fait ma diction sont élevées. Alors déjà au naturel j’ai tendance à trébucher sur mes propres pieds, j’aime autant te dire qu’assaillie par une explosion d’endorphines, c’est la cata.
  • Je m’arrête à la première partie du prénom composé, toujours submergée par l’orgasme. Embarrassant. Est-ce que je crie vraiment son nom ? Ou celui d’un autre ?

Ensuite, admettons, le gars a un prénom non composé. Ça simplifie, certes. Mais admettons aussi qu’on ne parle plus de moi mais d’une héroïne de romance qui vient de le rencontrer. Appelons-le Jonathan et appelons-la Kelly. Et si elle se plante de prénom ? Faisons une petite simulation :

– Jouis pour moi, Kelly, crie mon nom. Maintenant.
– Oh, Alfred, oui je jouis pour toi.
– Hein ?
– Bryan, je voulais dire Bryan !
– Qui est Bryan ?
– Toi ?

Et là, c’est le drame. Sauf si Jonathan aime les jeux de rôle et pense que Kelly vient d’en initier un. Avec un peu de bol, elle peut s’en tirer avec un Bryan.

Mais bon, admettons, Kelly n’est pas aussi stupide et étourdie qu’elle en a l’air et se souvient de son prénom. Peut-être que Jonathan n’est pas très doué, au contraire, surtout que c’est leur première fois, et, alors qu’il lui ordonne de jouir pour lui (c’est un autre débat), Kelly ne sent rien venir. Imagine la confusion. Faisons une autre simulation (et tu vas voir que ce mot prend alors tout son sens) :

– Jouis pour moi, Kelly, crie mon nom. Maintenant.
– Euh… Jonathan ?
– C’est ça, bébé, jouis…
– Non, mais en fait, Jonathan ?
– Je savais que tu aimais ça, Kelly.
– Jonathan !

Et ça peut continuer comme ça un long moment, le gros quiproquos durant lequel Kelly tente d’avertir que ce n’est pas son clitoris mais son nombril qu’il touche, et Jonathan restant persuadé qu’il est un dieu du sexe au point que Kelly ne puisse pas se retenir de crier son nom. Embarrassant (bis).

Peut-être aussi que Kelly aimerait bien faire plaisir à Jonathan, mais que les murs qui la séparent de l’appartement d’à côté sont très fins, et qu’elle connaît très bien ses voisins.

– Jouis pour moi, Kelly, crie mon nom. Maintenant.
– Jonathan…
– Plus fort, bébé, je n’entends rien.
– Ça va pas être possible parce que…
– Encore plus fort !
– Non, mais en fait c’est que Madame Boulon est une vieille dame très sympathique et j’ai peur de la réveiller.

Donc vraiment, le coup du nom orgasmique, moi je dis, c’est pas gagné. Heureusement, en tant qu’auteur, on peut s’arranger pour que tous les critères soient réunis afin de permettre à Kelly de hurler le prénom de son amant sans souci. Mais à la fin de la scène, il me semble qu’il faudrait ajouter la mention : « Ne tentez pas de reproduire ceci chez vous sans vous assurer que votre situation correspond bien à la checklist suivante. »

Je me sens plus tranquille maintenant que j’ai partagé mes inquiétudes sur le sujet. Et pour la chanson qui illustre l’article, c’est cadeau. La prochaine fois que ton amant te demandera de crier son nom, peut-être que par un nouveau réflexe de Pavlov tu lui changeras un peu de Destiny’s child ?

Des auteurs, des cases et du dino porn

Traînant dans le milieu éditorial depuis quelques années maintenant, il y a des sujets de réflexion qui me reviennent régulièrement et parmi eux, celui de la case.

Les éditeurs, les commerciaux, les libraires et même parfois les lecteurs : tous veulent souvent ranger les auteurs dans des cases. En France en particulier, on aime que les auteurs restent bien à leur place. Ça ferait désordre qu’ils s’amusent à écrire dans plusieurs genres, non ?

Je lis de tout, vraiment de tout. Romance, thriller, témoignage, blanche, young adult, fantasy, développement personnel, poésie, dino porn (non je déconne, toujours pas), et j’ai envie d’écrire de tout également. Mais on me demande de rester à ma place.

Les naïfs.

Non, sérieusement, à quel moment les professionnels du milieu se sont dit que la création, l’inspiration et donc, l’écriture, pouvaient être bridées ? C’est totalement contre-productif, n’est-ce pas ? Et pourtant, c’est ainsi que cela fonctionne.

Alors un jour, on a cet auteur un peu innocent qui se met à écrire dans un autre genre que celui dans lequel il a déjà été publié, et qui se pointe chez un éditeur dont la ligne éditoriale correspond à son nouveau roman :

— Mais enfin, comment osez-vous ? Vous avez déjà publié du dino porn chez JurassicPornPublishing (JPP pour les intimes), si vous souhaitez que nous publiions votre dino thriller, il va falloir changer de pseudonyme, mon petit.
— J’aime bien mon nom d’auteur actuel, voyez-vous, car il s’agit de mon véritable nom.
— Dans ce cas, merci, au-revoir.

C’est presque du vécu-réel. Le dino porn mis à part. (le comique de répétition, ma spécialité) (pour ceux et celles qui me trouveraient encore trop subtile) (la subtilité, une autre de mes spécialités).

Je t’entends déjà d’ici, petit détracteur, te plaindre « Oui, mais les lecteurs ? Ils vont croire qu’ils achètent du dino porn et vont se retrouver avec un dino thriller ! »

Le lecteur est bien plus futé qu’on ne le pense… Il serait peut-être temps de lui faire confiance. Car il est aussi capable que n’importe qui de retourner le livre, lire la 4° de couverture, ce genre de choses qui ne prennent pas trop longtemps et sont de bons indicateurs du genre. Prenons un exemple tout simple :

Résumé #1
« Jonathan se réveille un jour couvert de sang, un couteau dans la main et plus aucun souvenir de la nuit passée. Il renifle l’hémoglobine sur son bras : aucun doute. Un regard par la fenêtre confirme ses craintes : des traces de pattes de T-Rex sont encore visibles dans la pelouse dévastée. Deux choix s’offrent à lui : prévenir la Brigade de Défense des Dinosaures, ou enquêter de son côté et découvrir ce qui a bien pu se produire. Une course contre la montre s’engage alors entre John et son ennemi juré : Denver, le dernier dinosaure. »

Résumé #2
« Il lui a tout donné, mais il lui a également tout pris. Kelly ne sait plus comment colmater les blessures qu’il lui a infligées au cœur et à l’âme. Elle quitte tout pour s’installer dans la propriété que sa grand-tante Philomène lui a léguée quelques mois plus tôt et qu’elle envisageait alors de vendre. Quelle n’est pas sa surprise en arrivant de découvrir que quelqu’un d’autre occupe les lieux ! Et pas n’importe qui, non, c’est son premier amour qui l’attend sur le pas de la porte, avec ses petits bras dont elle se souvient encore tellement en détail… Saura-t-elle donner une seconde chance au T-Rex qui a mangé sa jambe droite par erreur lors d’un de ses flashbacks de la Jurassic War II ? »

Attention, un détail un peu gore se cache dans le résumé de dino porn, ne tombez pas dans le piège.

Et donc, si le lecteur ne prend pas la peine de vérifier le livre qu’il achète, quel est le risque ? Oh mon Dieu ! Non ! Il pourrait découvrir un autre genre ! Lire l’auteur dans un autre genre que celui dans lequel il l’a déjà lu ! Que personne ne bouge ! Il faut empêcher cela, appelons Bruce Willis, je ne vois que lui pour éviter cette catastrophe en devenir !

La morale de cet article et simple : « Leave Britney alone ! »  Ou, en version moins drama queen : laissez les auteurs écrire dans le genre qui les inspire, arrêtez de vouloir les brider et ne lisez pas de dino porn*, en vous remerciant.

*Article sponsorisé par la FIDDDE**

**Fédération Internationale de Défense des Droits des Dinosaures Exploités

PS : tu noteras que j’ai fait un effort de mise en page. J’ai mis des trucs en gras. Et puis ça m’a gonflée et j’ai abandonné là mon envie de faire un joli article.

Brèves d’auteures – Les corrections #1

Guest star : Oren Miller / Lucie Castel

Fleur : Là, l’éditrice me demande de revoir la causalité. Du coup, j’ai supprimé le passage, ça ira tu penses pour la causalité ?

Oren-Lucie : La causalité ça veut pas dire suppression ? Moi j’ai toujours cru.

F : Ben si, hein, je ne vois que ça. Tu confirmes, donc ?

OL : Ah oui oui ! Est ce que tu crois que des fois, les éditeurs s’en rendent compte qu’on supprime pour pas avoir à leur répondre et expliquer parce qu’on ne sait plus ce qu’on voulait dire ?

F : Je pense que oui. Surtout que plus tu avances dans le manuscrit, moins tu es motivée. Tes premiers chapitres font 5000 mots et les derniers 350, à force de supprimer plutôt que de modifier.

OL : Oui, donc ils s’en rendent compte.

F : C’est un détail, l’important c’est de rendre le fichier sans qu’il reste de commentaires, de toute façon.

OL : C’est ce que je pense aussi.

F : Soit on fait comme ça, soit on met un contrat sur la tête de notre éditeur. Quelque part, on leur sauve la vie, ils nous sont redevables.

OL : Mais tellement ! Et puis ils n’ont aucune reconnaissance, le prochain manuscrit, tu vas voir qu’on va encore te demander la causalité.

F : Tous des ingrats.

Et tu embrasseras mes larmes

Prochaine sortie chez Harper Collins France dans la collection &H

24 octobre 2018

Il va lui apprendre à pleurer.
Elle va lui apprendre à aimer. 

Angie est perdue. Depuis le drame qui a bouleversé sa vie, chaque geste du quotidien lui paraît futile, dénué de sens ; elle avance désormais dans un brouillard cotonneux, sans émotion, sans espoir, sans lui. Car elle ne devrait pas être ici, pas quand lui n’est plus là. Mais quand elle rencontre Valentin, les nuages se dissipent juste assez pour qu’elle entrevoie un éclat de ciel. Peut-être est-ce son look de mauvais garçon, ses nombreux tatouages ou sa grosse cylindrée – au fond, peu importe – Valentin l’attire. A tel point qu’elle se sentirait presque redevenir vivante. Alors, elle décide de suivre le désir.

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Note : il s’agit de la réédition des Bottes Rouges. L’histoire reste la même.