Sur le principe, pourquoi pas. Je ne suis vraiment pas contre, chacun-e observe les pratiques de son choix. Je remarque simplement que c’est quelque chose qui revient souvent dans les scènes érotiques des romances au moment de l’orgasme. Passons sur le fait qu’il arrive fréquemment en simultanée pour les 2 partenaires, cet orgasme (je ne pourrais dire ce qu’il en est quand ils sont plus nombreux, je n’ai pas encore lu de scène de ce genre) (ne te sens pas obligé-e de m’en faire passer une)

[click_to_tweet tweet= »Crie mon nom, bébé. Ou pas. » quote= »Crie mon nom, bébé. Ou pas. »]

Question logistique, ça peut poser quelques soucis qui me viennent à l’esprit et que je suis heureuse de partager avec toi parce que je ne suis qu’altruisme et abnégation.

Il faut déjà voir de quel prénom on parle

Je te le dis tout de suite, selon le prénom, je trouve que ça a moins d’impact. Par exemple, l’héroïne vient de rencontrer un type qui s’appelle Pierre-Etienne. Tu crois que j’invente et tu ricanes bêtement devant ton écran. Sans utiliser le prénom de mon mari parce que je suis sympa, il en a un composé aussi, et pas courant. Ce n’est pas Pierre-Etienne, ses parents étaient vaches mais pas à ce point. Voici les réactions que je pourrais avoir si mon mari me demandait de crier son nom :

  • Je me mets à rire. Ce qui serait ballot. Et vexant pour lui. Salaud, donc. Mais je me connais, je rirais.
  • Je bafouille. Je rappelle que je suis en plein orgasme, les probabilités que je ne maîtrise pas tout à fait ma diction sont élevées. Alors déjà au naturel j’ai tendance à trébucher sur mes propres pieds, j’aime autant te dire qu’assaillie par une explosion d’endorphines, c’est la cata.
  • Je m’arrête à la première partie du prénom composé, toujours submergée par l’orgasme. Embarrassant. Est-ce que je crie vraiment son nom ? Ou celui d’un autre ?

Ensuite, admettons, le gars a un prénom non composé. Ça simplifie, certes. Mais admettons aussi qu’on ne parle plus de moi mais d’une héroïne de romance qui vient de le rencontrer. Appelons-le Jonathan et appelons-la Kelly. Et si elle se plante de prénom ? Faisons une petite simulation :

– Jouis pour moi, Kelly, crie mon nom. Maintenant.
– Oh, Alfred, oui je jouis pour toi.
– Hein ?
– Bryan, je voulais dire Bryan !
– Qui est Bryan ?
– Toi ?

Et là, c’est le drame. Sauf si Jonathan aime les jeux de rôle et pense que Kelly vient d’en initier un. Avec un peu de bol, elle peut s’en tirer avec un Bryan.

Mais bon, admettons, Kelly n’est pas aussi stupide et étourdie qu’elle en a l’air et se souvient de son prénom. Peut-être que Jonathan n’est pas très doué, au contraire, surtout que c’est leur première fois, et, alors qu’il lui ordonne de jouir pour lui (c’est un autre débat), Kelly ne sent rien venir. Imagine la confusion. Faisons une autre simulation (et tu vas voir que ce mot prend alors tout son sens) :

– Jouis pour moi, Kelly, crie mon nom. Maintenant.
– Euh… Jonathan ?
– C’est ça, bébé, jouis…
– Non, mais en fait, Jonathan ?
– Je savais que tu aimais ça, Kelly.
– Jonathan !

Et ça peut continuer comme ça un long moment, le gros quiproquos durant lequel Kelly tente d’avertir que ce n’est pas son clitoris mais son nombril qu’il touche, et Jonathan restant persuadé qu’il est un dieu du sexe au point que Kelly ne puisse pas se retenir de crier son nom. Embarrassant (bis).

Peut-être aussi que Kelly aimerait bien faire plaisir à Jonathan, mais que les murs qui la séparent de l’appartement d’à côté sont très fins, et qu’elle connaît très bien ses voisins.

– Jouis pour moi, Kelly, crie mon nom. Maintenant.
– Jonathan…
– Plus fort, bébé, je n’entends rien.
– Ça va pas être possible parce que…
– Encore plus fort !
– Non, mais en fait c’est que Madame Boulon est une vieille dame très sympathique et j’ai peur de la réveiller.

Donc vraiment, le coup du nom orgasmique, moi je dis, c’est pas gagné. Heureusement, en tant qu’auteur, on peut s’arranger pour que tous les critères soient réunis afin de permettre à Kelly de hurler le prénom de son amant sans souci. Mais à la fin de la scène, il me semble qu’il faudrait ajouter la mention : « Ne tentez pas de reproduire ceci chez vous sans vous assurer que votre situation correspond bien à la checklist suivante. »

Je me sens plus tranquille maintenant que j’ai partagé mes inquiétudes sur le sujet. Et pour la chanson qui illustre l’article, c’est cadeau. La prochaine fois que ton amant te demandera de crier son nom, peut-être que par un nouveau réflexe de Pavlov tu lui changeras un peu de Destiny’s child ?

1 Comment on Crie mon nom, bébé

  1. Ohlala ça m’avais manqué de te lire! Merci pour cet article très instructif qui poussera la réflexion du nom orgasmique de bon nombre de tes lectrices qui voudront s’essayer à l’écriture ! J’ai bien ri quand même x)

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