Mois : mai 2018

Et tu embrasseras mes larmes

Prochaine sortie chez Harper Collins France dans la collection &H

24 octobre 2018

Il va lui apprendre à pleurer.
Elle va lui apprendre à aimer. 

Angie est perdue. Depuis le drame qui a bouleversé sa vie, chaque geste du quotidien lui paraît futile, dénué de sens ; elle avance désormais dans un brouillard cotonneux, sans émotion, sans espoir, sans lui. Car elle ne devrait pas être ici, pas quand lui n’est plus là. Mais quand elle rencontre Valentin, les nuages se dissipent juste assez pour qu’elle entrevoie un éclat de ciel. Peut-être est-ce son look de mauvais garçon, ses nombreux tatouages ou sa grosse cylindrée – au fond, peu importe – Valentin l’attire. A tel point qu’elle se sentirait presque redevenir vivante. Alors, elle décide de suivre le désir.

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Note : il s’agit de la réédition des Bottes Rouges. L’histoire reste la même.

#PayeTonAuteur… mais pas trop, hein

Il y a quelques semaines, la communauté des auteurs-lecteurs se soulevait presque d’une même voix pour s’insurger lorsque Livre Paris refusait de rémunérer les auteurs lors des tables rondes et conférences proposées. Twitter, Facebook, Instagram… les réseaux sociaux ont obtenu gain de cause et le salon littéraire de référence français a capitulé. Bravo, c’est une belle victoire, il ne reste plus qu’à espérer que ça entre totalement dans les mœurs !

Aujourd’hui, pourtant, je discute d’un sujet avec des amies qui amènent à ma connaissance le cas du RARE qui aura lieu à Paris en avril 2019. Petit point sur ce qu’est le RARE : il s’agit d’un événement qu’on appellerait « salon littéraire » en France, axé sur la romance où les lecteurs payent leur entrée afin de rencontrer pas loin d’une centaine d’auteurs du genre. Jusque là, on connaît le principe. Mais aux US d’où vient ce salon, les auteurs doivent également payer pour avoir une table et rencontrer ces lecteurs. Pour des raisons diverses sur lesquelles je ne m’étendrai pas ici, c’est ainsi que ça fonctionne et c’est culturellement accepté. Chez eux.

Car en France, la plupart des auteurs publiés, à l’inverse, sont signés chez un éditeur. Dans le contrat d’édition classique, il est bien stipulé que l’éditeur s’engage à faire la promotion de l’ouvrage et de l’auteur à ses frais. C’est ce qu’on appelle un contrat à compte d’éditeur où l’auteur n’a rien à payer de sa poche pour la publication de son livre. Jusque là, je pense que je ne vous apprends rien, mais ça me semblait important de faire le point.

Aussi, quand j’ai reçu une invitation de la part des organisatrices du RARE, je les ai remerciées et je leur ai dit que je faisais suivre à mon éditeur, car c’est lui qui gère cet aspect de mon travail.

Pour assister en tant qu’auteur au RARE (ou à la RARE, je ne sais pas trop en fait) (et on s’en fout), il faut payer 350 euros de frais pour avoir une table. À cela s’ajoutent des frais de déplacement. Dans mon cas, venant de l’autre bout de la France, en arrondissant on arrive à 150 euros l’aller-retour si on s’y prend bien à l’avance. Et puis une nuit d’hôtel, car il m’est impossible de faire 11 heures de train dans la même journée. Donc allez, arrondissons à 70 euros (même si à Paris, ça signifie un hôtel un peu pourri mais, admettons). Si le repas est compris dans les frais du RARE, tous les repas ne le sont pas lorsqu’on est obligé de rester sur le week-end, comme moi. Ajoutons que lors de ces événements, il est de coutume de venir avec des goodies à offrir aux lecteurs, allez, soyons fous, arrondissons le coût de l’événement à 700 euros.

La RARE prévoit 700 visiteurs, ça tombe bien, ça va nous faciliter les choses pour la suite du calcul.

Sachant que je suis rémunérée à hauteur de 8% sur le prix public d’un livre qui se vend en moyenne dans les 15 euros, soyons encore un petit peu fous et arrondissons ce que je touche à la somme de 1 euro par livre.

Sur cet euro, il me faut retirer environ 10% d’impôts et 15% d’AGESSA. Il me reste donc 75 cents.

Si chaque visiteur ayant pris une entrée au RARE achetait un de mes livres (oui, j’ai dit qu’on était fous, car il est évident que rien de tel ne se produirait) (sauf si peut-être je menaçais les lecteurs avec une arme, mais il paraît que c’est interdit par la loi) (et je ne possède pas d’arme à part mon chat), je toucherais net 525 euros sur ce salon.

Cessons d’être fous un instant, et soyons réalistes, ça nous changera. Il est bien entendu utopique que les visiteurs achètent chacun un de mes romans. Sur la durée de l’événement, quelques heures, il est même complètement surréaliste d’imaginer, à mon niveau, que 10% des visiteurs achètent un de mes romans.

Donc, pour résumer et arrêter avec les chiffres, c’est un salon qui me coûterait plusieurs centaines d’euros de ma poche, si je devais m’y rendre en suivant les coutumes américaines de l’organisation.

Pourquoi, alors que c’est le travail de mon éditeur de gérer la communication, la promo, les événements etc., je m’amuserais à dépenser de l’argent que je n’ai pas, pour rencontrer mes lecteurs ? Lecteurs que j’aurais probablement déjà rencontrés 3 semaines avant, toujours à Paris, à l’occasion de Livre Paris où mon éditeur m’aura sûrement à nouveau invitée, en payant mon déplacement et ma nuit d’hôtel. Donc ce salon ne m’assurerait même pas une visibilité supplémentaire.

Si je comprends les différences culturelles et les respecte dans la mesure où elles n’ont aucun impact sur moi, je refuse tout simplement de m’y plier. Comme le dit mon très sage papa : à Rome, on vit comme les Romains. Oui, je sais, il s’agit de Paris, mais l’idée est là : en France, ce n’est pas ainsi que le système éditorial fonctionne.

Je ne jette nullement la pierre à celles qui se rendent au RARE, que ce soit les auteurs françaises ou les lectrices. Chacun fait bien comme il le souhaite. Mais puisqu’on m’envoie beaucoup de messages depuis que les auteurs du RARE de Paris 2019 ont été annoncés en me demandant pourquoi je n’y figure pas, il me semblait qu’une petite explication s’imposait.

Bien sûr, si mon éditeur n’avait que ça à faire de son budget communication et m’invitait, j’irais avec plaisir. Et je ne lui en veux pas étant donné les circonstances, il faut prioriser et je rappelle, pour les deux du fond qui ne suivent pas, que Livre Paris a lieu 3 semaines avant. Bien sûr, si j’étais en auto-édition, ça ferait parti de mon poste de dépenses « promotion » et j’irais sûrement. Mais dans l’état actuel de la situation, dépenser 700 euros n’a aucun intérêt pour moi. J’ai beaucoup d’autres occasions dans l’année de rencontrer mes lecteurs dans d’autres événements totalement pris en charge par mon éditeur.

Alors, #PayeTonAuteur, mais pas trop, hein. Fais-le plutôt payer, ce sera beaucoup plus drôle. Déjà qu’il a une situation précaire au niveau fiscal et juridique, il ne faudrait pas qu’il ait la prétention, à un moment, de se dégager un peu d’argent grâce à son activité. Après, il va croire qu’écrivain est un métier et se mettre dans la tête qu’il pourrait même en vivre… Ouf ! J’ai cru que mon statut allait être amélioré, on n’est pas passé loin ! #FaisPayerTonAuteur ou #ExploiteTonAuteur c’est sûr, ça sonne moins bien. Mais laissez-moi quelques jours, je suis sûre que je peux trouver un bon hashtag à faire tourner.

Pour conclure je dirais que dans l’absolu, je n’ai rien contre la RARE ayant lieu à Paris, mais je ne me sens tout simplement pas concernée par cet événement.

Allez, je retourne écrire. Parce qu’avec les 75 cents que je touche par livre, je prévois de faire plein de choses. Par exemple, combien coûte un Carambar, de nos jours ? Non, parce que je ne peux pas viser le pain au chocolat, hein (non, on ne dit pas « chocolatine ») (ah ah le petit pavé-débat, c’était gratuit, un rien m’amuse), c’est plus cher que ça. Maintenant, j’ai envie d’un pain au chocolat, c’est malin.